George Hoyningen-Huene, Maillot de bain Jean Patou, Vogue Paris juillet 1929 - Archives Condé Nast, New-York - © George Hoyningen-Huene

Vogue a cent ans. Un siècle déjà que le magazine conte et raconte la mode et la vie à Paris. Un centenaire et un anniversaire qui se fêtent jusqu’au 30 janvier 2022, au Palais Galliera, à l’occasion d’une expo à fond dans le rétro. Au programme : un millier de couvertures accrochées sur d’immenses paravents, 400 photos, illustrations - dont un portrait de Modiano par Le-Tan -, documents et films issus des archives « maison »,  ainsi qu’une quinzaine de modèles haute couture et prêt-à-porter. Le tout sous l’œil averti de Sylvie Lécailler, responsable de la collection photographiquede Galliera, avec une direction artistique confiée au designer suisse Adrien Rovero. Le parcours, telle une machine à remonter le temps, déroule les décennies, évolutions, révolutions qui ont rythmé la vie du journal. Avec des variations de ton selon les rédac’ chefs : entre Michel de Brunhoff et Emmanuelle Alt, il y a eu Edmonde Charles-Roux, Francine Crescent ou encore « la » Roitfeld. Changements de regards aussi, avec un défilé de photographes dans la rédaction : Horst, Bourdin, Klein, Newton, Moon, Sieff, Lindbergh, Mondino, Testino, Inez & Vinoodh… à chacun son époque. Et côté « pop » modèles, Catherine Deneuve et Kate Moss sont celles qui ont fait le plus de couvertures du magazine. Pas moins d’une quinzaine pour Deneuve - souvent en Saint Laurent -, entre 1962 et 2003, car elle incarnait à la fois la femme française, la Parisienne et le style Vogue.

David Bailey, Catherine Deneuve, Vogue Paris mai 1966 - Archives Vogue Paris - © David Bailey

Entre l’Assemblée nationale et le fleuriste Moulié…

Vogue, c’est aussi des coulisses. Quelques vidéos montrent Birkin face à l’objectif de Sieff en 1969 ou encore Newton en train de diriger un mannequin, une vingtaine d’années plus tard… Les bureaux se situaient alors place du Palais Bourbon. Entre l’Assemblée nationale et le fleuriste Moulié. Moulié, où le photographe Guy Bourdin s’approvisionnait en fleurs, qu’il échangeait contre des tirages de ses images… Quant à la cantine du magazine, c’était à la fois bucolique, car côté cour, et folklorique entre les jolies filles qui se pomponnaient, les coursiers qui se paumaient, les mondaines qui dévoraient les chroniques de Francis Dorléans… J’ai été un temps - très court – aux premières loges de cette comédie humaine. J’avais 20 ans, j’étais stagiaire. J’apportais des bijoux et des robes au studio Daylight, rue Moret. Je pliais, dépliais, repliais ou suspendais des vêtements que Christy Turlington allait porter face au Nikon de Paolo Roversi. En fin de journée, une rédactrice – qui avait fait une apparition dans Les nuits de la pleine lune - me ramenait dans sa Mini en écoutant Stephan Eicher… L’expo à Galliera se termine justement en musique. On passe devant un mur d’écrans sur lesquels tournent en boucle les images d’un shooting mené par Inez & Vinoodh, place de la Concorde. La bande son : Duran Duran. Ça suinte les années 1980 et on est bon pour avoir l’air de Girls on film pour la journée dans la tête. Ça rendrait presque guilleret une fois de retour dans le métro.

« Vogue Paris 1920-2020 » : du 2 octobre 2021 au 30 janvier 2022 au Palais Galliera (10 avenue Pierre 1er de Serbie, Paris 16e) – Réservation sur : palaisgalliera.fr

Guy Bourdin, « Bulletin beauté spécial jeunes : Rush sur le rouge », maquillage Harriet Hubbard Ayer, Vogue Paris mai 1970 - Collection privée - © The Guy Bourdin Estate 2021, Courtesy of Louise Alexander Gallery