Une nouvelle semaine vient de se terminer dans la salle de rédaction d’1 Epok formidable, délocalisée jusqu’au 23 février chez Heureux Les Curieux, dans le Marais parisien. Ce qu’il s’est passé sur ce site de rencontres, qui n’a rien de virtuel ? Des échanges, des rendez-vous, des retrouvailles… comme celles avec Alice Morgaine, venue voir la performance de Noémie Chaillet-Piquand – alias Nochapiq* -, qui emballe tout sur son passage. Mon premier stage dans la presse, je l’ai fait à l’âge de 20 ans « chez » Alice Morgaine, qui dirigeait alors le Jardin des Modes. C’était en 1990. J’avais eu le droit de rédiger quelques légendes photos et mon nom s’était ainsi retrouvé dans l’ours du journal… Du Jardin des Modes, on en a parlé aussi avec le designer industriel Patrick Jouffret, venu pour un « 5 à 7 » chez Heureux Les Curieux. Lui, c’est en lisant ce journal qu’il a découvert ce qu’était le design… Résultat : aujourd’hui, il dessine téléphériques, vélos, tensiomètres…

Casting de contributeurs

La semaine écoulée a également permis de poursuivre les bases du numéro 4 de la version « print » d’1 Epok formidable, à paraître en septembre 2020. Le romancier Jules Gassot, la photographe Lisa Roze et le monsieur « Culture » de la BnF, Thierry Grillet, sont passés et repartis avec l’assurance d’avoir une commande pour ce prochain numéro. Quant à l’écrivain Philippe Lafitte, qui a quitté Paris pour vivre à Bruxelles, il a profité d’un aller-retour en Thalys pour venir à la « rédac’ en itinérance » : lui aussi fera partie du prochain casting de contributeurs.

Une toile en couverture...

Et puis, il y a eu les imprévus, les inattendus, les curiosités, les découvertes. L’illustrateur Emmanuel Pierre est passé, le temps de faire un dessin inspiré par le stock de bolduc de Nochapiq. Pierre Léotard, le fondateur de Corridor Elephant, a testé la machine à café. La styliste Nelly Guyot a débuté sa collection d’1 Epok, en faisant l’acquisition de trois numéros d’un coup. Quant au complice et artiste Julio Villani, il a pris la pose devant sa toile exposée chez Heureux Les Curieux, car celle-ci a servi à créer la couverture du numéro 3 de la revue, intitulé « Silence ».

L'« industrie silencieuse » de Margaux Launay-Sajet

Un silence qui donne des idées à Margaux Launay-Sajet, jeune diplômée de la HEAR, en design textile : un sujet lui est consacré dans la revue et une partie de son travail recouvre quelques murs chez Heureux Les Curieux. Et pour cause : elle a comme principale source d’inspiration, pour ses créations,  « les bâtiments industriels de la région de Mulhouse », qu’elle qualifie aussi d'« industrie silencieuse » ou « au repos ». Margaux Launay-Sajet laisse ces traces du passé guider ses gestes et savoir-faire. Sa matière première : des fils qu’elle fabrique elle-même. « Je récupère des vêtements chez Emmaüs, en particulier des pantalons que je découpe en bandes, puis je vrille ces bandes pour en faire des fils. Quant à mes gammes de couleur, je les fabrique lorsque je choisis les vêtements que je vais découper », explique-t-elle. Tout un mode opératoire – sans dessin préalable - pour donner vie, ensuite, à des pièces de textile ajourées, directement inspirées des photos, montages et collages qu’elle réalise à partir des sites industriels « oubliés ».

Cinq drôles de dames…

Enfin, le fait de sortir de la solitude de mon bureau du boulevard de Port-Royal me fait renouer avec l’effervescence du travail en équipe, propre à une salle de rédaction. Chez Heureux Les Curieux, ce ne sont pas des journalistes qui m’accompagnent dans cette aventure de « bureau éphémère », mais des personnalités aux parcours variés. Elles sont cinq dans cette galerie-boutique : Sabrina Piperno – l’audacieuse entrepreneuse -, Stéphanie Perret – la discrète et scénographe -, Ysé Masutti – l’illustratrice, jamais sans ses « Doc Martens » -, Sylvie Ollivier – la danseuse, aventureuse - et Lan Sejalon – la stagiaire qui en voit de toutes les couleurs et en aura beaucoup à raconter quand elle rentrera à Aix -. Ça risque de me faire bizarre, dans une semaine, quand je vais devoir (re)faire sans elles…

*Nochapiq expose et s’expose, du 22 février au 5 mars 2020, à la galerie Joyce  : 168 Galerie de Valois, Paris 1er.