« Femmes de com’ ». C’est le titre d’une série de portraits de femmes qui ont choisi la communication comme terrain de jeu. Certaines sont en agences, d’autres ont créé la leur. À travers leur parcours, elles abordent l’évolution de leur métier. Aujourd’hui, pour susciter la curiosité d’un journaliste ou celle d’un influenceur, elles doivent mettre les bouchées doubles. Certaines dorment peu, d’autres ont renoncé aux vraies vacances, par passion pour une profession en pleine transformation.

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« 1er novembre 2021 ». La date est précise. Comme celle d’un temps fort ou d’un bon souvenir. « Ce jour-là, j’ai créé Emma Lab. » Emma Lab, c’est le nom de « l’agence collaborative en communication et en influence » qu’Emmanuelle Gillardo a fondée, en solo. Le grand saut. Sans bureau. Mais déjà une réussite : « Une nouvelle personne va rejoindre l’équipe en mai 2024. » Une équipe « volante », où le « chacun chez soi » et le télétravail servent de toile de fond. « Les collaboratrices – choisies à l’issue de rencontres et de coups de cœur - ont le lead sur leurs dossiers. Angélique, Marie-Leila, Julia, Camille, Chloé et Joëlle – c’est nous toutes, Emma Lab - rédigent les reco’ et organisent des rendez-vous sur leurs thèmes de prédilection. » À savoir : le tourisme, la gastronomie, les vins & spiritueux, l’hôtellerie, la déco, le design… Quant aux réunions, briefs et autres brainstormings, ils se font dans un lounge d’hôtel, chez l’une, chez l’autre, mais aussi et surtout dans le salon d’Emmanuelle Gillardo, à Paris, du côté de Bercy, « autour d’un verre de vin ». Le format de l’informel, pour davantage de complicité, proximité, fidélité. Et parce que la boss a du mal avec la hiérarchie : « Dès qu’il y a trop de strates, j’étouffe ! »

« J’ai mis du temps à m’adapter à Paris »

 Née à Nice – « sa » ville -, Emmanuelle Gillardo se voyait devenir avocate, « pour défendre les autres », ou journaliste, « parce que j’aimais écrire des contes, des poèmes, des rédactions… » Finalement, elle va enchaîner un bac ES, une fac d’éco, puis un BTS « action commerciale », où elle doit trouver une alternance de 2 ans. Elle est acceptée par le directeur de la concession Renault à Cannes, où elle apprend tout sur les voitures, les modèles, les moteurs, les conduites… sans avoir encore son permis ! Un diplôme de l’IPAG en plus, elle signe, à 22 ans, son premier CDI d’assistante commerciale aux « véhicules d’occasion » chez Renault, toujours à Cannes. Son futur mari y travaille aussi. C’est incompatible. Il faut partir. Direction Paris. Lui, pour diriger Renault Rive Gauche. Elle, pour un poste d’assistante commerciale au pôle « sociétés » de Renault, à Boulogne. « J’ai mis beaucoup de temps à m’adapter à la capitale », reconnaît Emmanuelle Gillardo. Jamais simple, en effet, de troquer la mer contre le métro.

 Le courant passe…

Tout bascule en 2006 : le designer Patrick Norguet vient de signer le nouveau showroom Renault à Paris. Emmanuelle Gillardo croise alors la route de Laurent d’Estrées, à la tête de l’agence de communication 14 Septembre, qui gère les « RP » - « relations presse » - de Norguet. Entre les deux, le courant passe. Le pro de la com’ lui propose une place de secrétaire. Elle dit banco. Mais en arrivant à l’agence, ce n’est plus d’une secrétaire dont on a besoin, mais d’une attachée de presse. Elle n’y connaît rien. Pas grave. Laurent d’Estrées va lui apprendre le métier. Ses premiers clients ? « Les interrupteurs Legrand, Bombay Sapphire, L’Atelier des Chefs ou encore Michel & Augustin », se souvient Emmanuelle Gillardo. À l’arrivée de Marie Segal, qui chapeaute le pôle « art de vivre » de 14 Septembre, la jeune Niçoise est propulsée à ses côtés. Le duo ne va plus se quitter. « Ça va durer 15 ans. » Un bail pour une vie commune. « Marie m’a tout expliqué des rouages. Elle m’a appris à prendre du recul, réfléchir sur le métier, pouvoir passer d’un dossier à un autre très vite… le tout dans la bienveillance et l’humilité. C’est elle qui m’a donné envie de continuer », confie Emmanuelle Gillardo. Marie Segal quitte 14 Septembre en 2017. C’est le départ du mentor. La fin d’une histoire, mais pas celle d’une amitié : « Aujourd’hui encore, nous nous appelons une fois par semaine. »

© Rami Mekdachi

Elle gomme le mot « client » au profit de « partenaire »

Covid, confinements, besoin d’air… Emmanuelle Gillardo a pourtant gravi les échelons et obtenu la direction du pôle « taste & travel » de 14 Septembre, mais elle se sent à l’étroit, voire « plus à ma place ». Un chasseur de têtes lui dit : « Ton nom ne circule plus… » C’est le déclic. La fin d’un cycle. « Le pouvoir se prend », affirme la communicante, dont la fibre entrepreneuriale va alors se révéler. Elle veut créer sa « boîte », « remettre les compteurs à zéro », tout en évitant d’être « la énième agence sur le marché ». En novembre 2021, elle se positionne avec Emma Lab, gomme le mot « client » au profit de « partenaire » et regarde ses mails à toute heure, toute l’année, vacances comprises. « La réactivité, c’est une clé. » Résultat : elle assure, ça rassure. Mais surtout elle ose. Elle ose communiquer sur un « sommelier d’eau » ou une ex-avocate qui se prend de passion pour le chocolat… Elle ose aussi refuser un budget. Elle ose, enfin, renoncer à la maternité, « car je suis carriériste », reconnaît-elle sans rougir. « J’assume tout », poursuit-elle. Y compris le mauvais côté de son job, comme « la galère des relances de journalistes ». Des journalistes qu’il faut « séduire » en faisant « émerger » une info « dans un flot d’emails qui arrivent dans des rédactions de plus en plus petites ». Elle ajoute : « La com’, c’est de la montée en puissance, de la co-construction, de la patience et du respect de l’autre. » La suite : Emmanuelle Gillardo vient d’accepter les RP d’une appli qui aide à trouver des places de stationnement en temps réel. Un clin d’œil au secteur de l’automobile et à son passé. Tout comme son développement entre la capitale et le Sud de la France, avec un déménagement programmé en 2025. Retour aux sources. Réinstallation à Nice : « Mon mari m’a faite monter jusqu’à Paris. À mon tour de le faire redescendre. »

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« Femmes de com’ » : une série de portraits remarquée et suivie par le CELSA-Sorbonne Université / À SAVOIR : prochaine session de la formation Relations Presse prévue du 19 au 20 septembre 2024. Responsable pédagogique : Anne Eveillard. Inscription : ICI.