Il s’appelait Alain Adler. Né en Hongrie en 1923, il est arrivé à Paris une dizaine d’années plus tard. À 19 ans, il entre dans la résistance. À la libération, la presse l’attire. L’envie d’écrire, décrire, raconter, témoigner. Il devient journaliste et signe dans les colonnes du magazine Renouveau. Mais il veut montrer aussi. Il complète alors ses articles avec des photos qu’il prend sur le vif. Envoyé en reportage sur les plateaux de cinéma, il amorce une collaboration régulière avec des titres de presse tels que l’Avant-garde, Ciné-Révélation et Regards. Du travail d’Adler, il ne subsiste que la période 1954 à 1964. La plus riche. La plus créative. Car cette décennie voit émerger la Nouvelle Vague. Résultat : Jean Seberg, Brigitte Bardot, Anna Karina, Bernadette Lafont, Corinne Marchand, Jean Gabin, Alain Delon, Jean-Pierre Léaud, Jean-Claude Brialy, Jean-Paul Belmondo… tous défilent devant l’objectif d’Adler.

Jean-Paul Belmondo sur le tournage du film "A bout de souffle" de Jean-Luc Godard, septembre 1959 - © Alain Adler / Roger-Viollet

Stars, starlettes et jeunes premiers

Son mode opératoire ? Adler profite des temps morts des tournages pour shooter. Le décor est en place, mais les acteurs ont quitté leur personnage le temps d’une pause cigarette, d’un changement de costume, d’un raccord maquillage… Ils se laissent prendre et même surprendre parfois. La confiance règne entre les stars, starlettes, jeunes premiers et ce photographe « sur un plateau » bien plus que photographe de plateau. Adler, l’inventif, immortalise systématiquement en noir et blanc, dans un format carré 6x6. Un tic qui devient signature. Un parti pris qui tranche avec les films en 35 mm ou en CinémaScope.

Claude Rich et Anna Karina, sur le tournage du film "Ce soir ou jamais" de Michel Deville - 1961 - © Alain Adler / Roger-Viollet

Les belles heures du 7e art

De La traversée de Paris de Claude Autant-Lara au À bout de souffle de Jean-Luc Godard, le travail d’Adler conte et raconte un cinéma en pleine mutation. Un témoignage unique de quelque 12 000 photos, acquises en 1990 par l’agence Roger-Viollet. Agence qui expose plus de 80 de ces images – des tirages contemporains numérotés, en édition limitée -, du 6 avril au 24 juin 2023 dans sa galerie de la rive gauche parisienne. Une rétrospective menée en collaboration avec Guillaume Adler, neveu du photographe. Un voyage dans le passé qui rappelle de belles heures du 7e art.

« Alain Adler, la photographie de cinéma sur un plateau » : du 6 avril au 24 juin 2023 à la Galerie Roger-Viollet – 6 rue de Seine, Paris 6e – Du mardi au samedi, de 11h à 19h.

Jacques Marin, Jean Gabin et Bourvil sur le tournage du film "La Traversée de Paris" de Claude Autant-Lara - 1956 - © Alain Adler / Roger-Viollet