Mardi 21 mars 2023, 9 heures. Le défi a d’abord été de trouver un avion qui décolle d’Orly. Direction : Nice. Pour passer du gris au bleu, du bitume à la mer. Une fois à bord, jeu de patience sur le tarmac. Un max d’Airbus A320 font la queue avant de s’élancer sur la piste. Mouvement de grève des contrôleurs aériens oblige. Ça décolle enfin et ça déconne à fond avec les hôtesses. Dans le rôle des G.O. : les comédiens Max Boublil et Gérard Darmon, en partance pour la côte, eux aussi… Arrivée en retard dans la baie des Anges. Sourires échangés avec un chauffeur, grand, svelte, bronzé, au volant d’une Mercedes rutilante, qui file sur l’autoroute. Normalement, il faut compter une heure de trajet. Avec lui, ce sera deux fois moins long. Son explication : « Nous sommes en heures creuses... » Alors on met la gomme.

Deux mondes, une même planète

Ballet de bolides sur le boulevard Albert 1er. Accueil de VIP à l’hôtel Hermitage. Boublil et Darmon qui passent dans le lobby... Bienvenue à Monaco. Ici, tout à coup, on oublie tout. À commencer par la réforme des retraites, avec ses grèves, manifs, saccages... Changement de décor. Décalage immédiat. Plein soleil et températures estivales. Ici pas de bal des poubelles, mais la préparation du Bal de la Rose. À l’Hermitage, du « savoir recevoir » à tous les étages. Tea time au Limùn Bar, détente aux thermes, balcon et vue mer depuis la chambre 407. Puis, room service et fish & chips face aux images d’une place de la Bastille en flammes. Deux mondes. Une même planète.

Difficile d’avoir réponse à tout

Mercredi 22 mars 2023, 10 heures. C’est de la planète justement dont il est question ce matin-là dans la salle Belle Époque de l’Hermitage. Avec une histoire d’eau à la clé : « The Sea is Green ». Ça annonce la couleur. En marge de la Monaco Ocean Week, la Monte-Carlo Société des Bains de Mer (SBM) organise une conférence sur « tourisme de luxe et éco-responsabilité ». Ou comment concilier hôtellerie de luxe et développement durable. Tout un programme et une palette d’experts. Parmi eux : Pierre Frolla, détenteur de quatre records du monde en apnée et dont le mariage a été célébré sous la mer ; l’universitaire Denis Allemand, à la direction du Centre scientifique de Monaco ; Guillaume Bereau, auditeur pour le label Green Globe ; Estelle Antognelli, responsable RSE de la Direction du tourisme et des congrès de Monaco. Le tout animé par la globe-trotteuse Leïla Ghandi. L’idée : faire réfléchir sur l’hospitalité engagée. Ou comment trouver une alternative à la clim’ en pleine canicule, aux roses pour la Saint-Valentin et autres fraises en hiver, sans froisser le client habitué aux palaces, services sur mesure et séjours ultra personnalisés. Pas évident. Même si, pour tous, c’est une question d’éducation. Mais où commence la sensibilisation ? À la maison ? À l’école ? Ailleurs ? Et puis qui forme ? Qui transmet ? Qui explique ?... En une heure de débat, difficile d’avoir réponse à tout. On décèle les carences, on pointe les enjeux, on promet de faire mieux avec du bon et du bien pour l’environnement. Applaudissements.

© Monte-Carlo SBM

My Zen Radio

Mercredi 22 mars 2023, 13 heures. Départ pour l’aéroport de Nice. Le chauffeur a eu du mal, ce matin, à faire le plein d’essence. La pénurie de carburant commence à se faire ressentir jusque dans les stations-services de la région. Allocution du locataire de l’Élysée commentée sur RTL, puis le pilote de la Mercedes bascule sur My Zen Radio. Aéroport en vue. Quelques avions en vol. « Mais il y aura du retard », prévient une hôtesse. Elle est déjà loin la vue sur mer. Même chose du café en terrasse, des thermes et des mains d’Estelle qui font des miracles sur les lombaires flinguées, fatiguées. Retour à la réalité. C’est la grève. En salle d’embarquement, Charles Berling a pris la relève de Boublil & Darmon. Plus discret que le duo, l’ancien des Mirabelles… On part. Une heure dans la tronche. La baie de Nice en pleine poire. Tout est bleu. Mer et ciel se fondent, se confondent. Puis, peu à peu, ça vire au gris, clair, moyen, jusqu’au foncé. Arrivée à Orly. Petite pluie. RER bondé. Règlement de compte dans le wagon. Ça va mal finir. Personne ne bouge. La trouille. L’habitude du chaos. Finalement, ce n’était pas si mal… Monaco. Lorsque le photographe Helmut Newton s’y est installé en 1981, il aurait dit : « J’aime le soleil. Il n’y en a plus à Paris... »