1 Epok formidable x Corridor Éléphant mettent en avant le travail de la photographe Adrienne Arth. Avec arrêt sur les images de sa série Paysages de cerveau, à voir à Arles du 4 au 16 juillet 2022.

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© Adrienne Arth

Sa série de photos s’intitule Paysages de cerveau. Pourquoi un tel libellé ? Parce que les images réalisées par Adrienne Arth sont telles des visions intérieures. Des vues de l’esprit. Et ce d’autant qu’à l’origine, celles-ci répondent à des textes de la poète et essayiste Claude Ber. Une sorte de dialogue. Adrienne Arth parle d’un « aller-retour ». Les mots jouent un rôle. Les images ont également le leur, loin de la seule illustration. Elles portent, emportent, transportent, questionnent aussi. Et pour cause : la photographe utilise la surimpression, « comme un nouveau style d’écriture », pour être « au plus près de la matière et de la technique ». « Couches sur couches », dit-elle encore. Quant au choix du noir et blanc, là aussi, c’est nouveau. Car Adrienne Arth préfère travailler la couleur. Un changement de ton et de tonalités pour oser, tester, prendre un peu de distance… Cette série Paysages de cerveau a déjà fait l’objet d’un livre éponyme (1) et, du 4 au 16 juillet 2022, une partie de ces images seront présentées dans le cadre du « off » des Rencontres de la photographie, à Arles (2). Des expos et accrochages, Adrienne Arth en fait plusieurs chaque année. Surtout depuis que la photo a pris le pas sur le théâtre. Car sa première vie, c’était plutôt la scène : « Un autre travail sur l’image. »

Le théâtre comme entrée en matières…

Autoportrait - © Adrienne Arth

Elle les aime, les images. Et ce depuis qu’elle est gamine. Dessins, peintures, photos… tout l’attirait. « Ado, je me souviens avoir retapissé les quatre murs de ma chambre avec un montage d’images », raconte Adrienne Arth. Puis, au lycée, elle profite d’un voyage en Irlande, dans le cadre d’un échange avec des correspondants étrangers, pour réaliser ses premières photos. Ses propres images. « J’avais mis l’appareil de mes parents dans mes bagages. » Au retour, elle va aussi investir le labo photo de sa mère pour faire les tirages. Toucher la matière. Comprendre le processus : ça l’intéresse. Il y a avait donc une certaine logique à ce qu’elle s’oriente vers une carrière artistique. Avec le théâtre comme entrée en matières. Elle joue et elle met en scène. Car elle a le sens de l’espace, des mouvements, du cadre. Elle sait où il faut braquer une lumière... Normale qu’elle se soit remise à la photo, peu à peu. Elle a la trentaine quand elle reprend son boîtier. Mais elle est critique, sévère, sur ses premières tentatives. « Au départ, je faisais des photos trop banales : des photos-souvenirs sans intérêt. » Mais elle sent qu’elle peut faire mieux. Pour ça, elle sait qu’il va falloir « travailler la photo », comme elle dit, « pour voir et savoir ce qu’une image peut raconter ». Son idée : créer un imaginaire bien à elle. Une sorte de cour de (ré)création, un laboratoire de recherches, « où j’évoque le réel, mais je ne le représente pas ». La vision se veut singulière, personnelle, différente. Sa curiosité pour la surimpression, les superpositions et autres accumulations, vient de là. Adrienne Arth est en quête d’une matière, d’une texture qui distancie le sujet, l’éloigne de sa réalité et questionne l’image.

© Adrienne Arth

« Des démarches de plus en plus personnelles »

 « Pendant dix ans, j’ai tout mené de front : le théâtre et la photo. Aujourd’hui, la photo a pris le dessus », confie Adrienne Arth. Depuis une dizaine d’années, elle expose en France comme à l’étranger : de la galerie Samagra à Paris à celle d’Olivier Waltman, en passant par la DZD gallery à Roermond, aux Pays-Bas… ses images voyagent. « Avec des démarches de plus en plus personnelles, reconnaît l’artiste. Si je fais de moins en moins de concours, c’est pour continuer à prendre le risque d’une vraie recherche. »

(1) Paysages de cerveau, textes de Claude Ber et photographies d’Adrienne Arth, Éditions Fidel Anthelme - 2015.

(2) Collectif du Hérisson : 14 rue des porcelets, Arles.

Adrienne Arth est aussi ICI.

© Adrienne Arth