En 2024, ça lui a pris. Comme ça. Sur un coup de tête. Et par coup de cœur. Sandrine Ely a quitté Paris pour faire son nid ailleurs… Marseillaise d’origine, elle est retournée aux sources. Face à la Méditerranée. Dans une maison où elle passait ses vacances. La capitale ? Elle n’y a plus qu’un pied-à-terre – « où je viens une semaine par mois » - et un bureau dans le Marais, qu’elle partage avec d’autres, parce qu’elle aime l’émulation, les échanges, les rencontres. Vie partagée entre deux villes et double vie stimulée par deux métiers : quand elle ne se penche pas sur l’identité d’une marque à réveiller, elle crée des objets, dont le Nid, une suspension lumineuse tressée à la main à partir de gourmands (ou rejets) d’olivier.

Des mains très douées

« J’ai toujours bricolé, cousu, dessiné… », confie Sandrine Ely. Gamine, elle fabriquait la maison et les vêtements de ses poupées. Un don : des mains très douées. Après des études de design et d’architecture à Paris, où elle a grandi, elle a illico travaillé dans le conseil. Son angle d’attaque : « Inspirer les marques pour qu’elles deviennent inspirantes. » Elle a ainsi redonné un coup de « boost » à Petit Bateau, Lafuma ou encore Delsey. Un travail qu’elle poursuit toujours avec son agence The place to be, une microstructure – « je ne veux plus manager des équipes de plusieurs dizaines de salariés… » - où elle s’entoure volontiers d’une « team » sur mesure si un projet le nécessite. Mais en parallèle à cet accompagnement de « belles endormies », comme elle dit, Sandrine Ely manie, manipule, coupe, découpe, invente, assemble matières et matériaux... « J’ai créé une grande table, un auvent, des objets… C’est normal, pour moi, de faire avec mes mains. » Jusqu’au jour où elle a tressé des gourmands d’olivier pour parfaire un luminaire. « C’était à Marseille, dans mon atelier des Goudes, qui s’ouvre sur une terrasse avec vue sur la mer. C’est ici que je travaille, au calme, seule, sans contrainte particulière… C’est ici que j’ai donc réalisé mon premier Nid, parce que je cherchais une suspension lumineuse en matière naturelle, mais aucune ne me convenait. »

© Sarah Clavelly

« L’olivier, symbole de sagesse, de vie, de prospérité… »

Œuvre unique, sur commande, ouvrage d’artiste et d’artisan, un Nid demande plusieurs mois de travail. « Entre trois et sept mois, selon la taille du luminaire », précise Sandrine Ely. Un temps long justifié par un mode opératoire guidé par la main et la nature. La créatrice parle d’« éloge de la lenteur » et de « construction patiente ». Et pour cause : sa première étape consiste à partir en quête de gourmands d’olivier en pleine campagne ou dans une oliveraie de Saint-Maximin. Puis, retour à l’atelier, pour bâtir une structure, effeuiller les branches « à la main, face à la mer » et, enfin, les tresser. « J’ai choisi l’olivier, symbole de sagesse, de vie, de prospérité, emblème de ma Méditerranée adorée, pour sa couleur de bois exceptionnelle et changeante, entre gris, brun et vert, selon la lumière », explique Sandrine Ely. Quant à l’idée du nid, « c’est pour incarner le cocon, l’accueil et la progression lente, car... petit à petit, l’oiseau fait son nid. »

© Sarah Clavelly

« Faire ce que l’on aime »

« Je viens d’avoir 60 ans et l’on n’a qu’une vie… » Sandrine Ely a eu envie de renverser la vapeur, prendre du champ et consacrer davantage de temps à la création, « à faire ce que l’on aime ». À commencer par ses Nids, mais elle bricole et répare aussi beaucoup dans sa maison des Goudes, « comme on panse les blessures de l’âme ». Car Marseille grouille de ses souvenirs d’enfance, de vacances, de vie en famille… Un passé recomposé qu’elle transforme en présent inventif, créatif, récréatif. Tout un univers, « où même l’ombre projetée au plafond par le Nid illuminé relève d’un spectacle vivant », s’enthousiasme l’artiste. Mère de quatre enfants, elle a confié la réalisation de toutes les images qui racontent le sens et l’essence du Nid à sa fille, Sarah Clavelly, photographe et réalisatrice de films, passée par l’École Boulle. Une évidence pour Sandrine Ely. Une preuve de confiance pour l’aînée de la fratrie. Et un résultat à la fois sensible, esthétique, sans fioriture, à l’instar des gourmands d’olivier tressés, puis rassemblés pour faire toute une lumière.

Sandrine Ely est aussi ICI.

© Sarah Clavelly