1 Epok formidable x Corridor Elephant mettent en avant le travail de la photographe Axelle Duault-Dhallenne. Avec arrêt sur les images de son livre D’ici et d’ailleurs.

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Son premier appareil photo : « C’était un cadeau. » Axelle Duault-Dhallenne venait d’avoir 18 ans. « C’était un reflex argentique. Un modèle du début des années 2000. Je l’utilise encore… » Il fait partie des cinq boîtiers qu’elle possède aujourd’hui. Ses boîtiers, ses compagnons de routes. Car les voyages l’inspirent, depuis un stage de cinq mois qu’elle a effectué, à l’âge de 21 ans, au Pérou. Elle étudiait alors les langues – l’espagnol et l’anglais – en Espagne. L’ailleurs déjà. Car son premier livre, qui vient d’être publié par Corridor Elephant, s’intitule D’ici et d’ailleurs. Il fait l’objet d’une soirée de présentation, avec séance de dédicaces, jeudi 16 février 2023 à la maison de la photographie et galerie Poltred, à Lyon.

Canada, Revelstoke, 4.50 am - © Axelle Duault-Dhallenne

Liberté totale

Pas de formation particulière à la photo pour Axelle Duault-Dhallenne. Juste un déclic : un livre bourré d’images colorées que ses parents lui ont offert, gamine. « La photo m’a toujours attirée », dit-elle. Le dessin aussi. En faire une profession ? Pas d’emblée. Si bien que lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait dans la vie, elle répond : « Traductrice, rédactrice et photographe. » Elle parle d’« équilibre » entre ces métiers. Avec une liberté totale pour son travail photographique : « Je fais ce que je veux. » À 42 ans, celle qui se dit « peu douée pour la technique » a suivi des masterclass à la Galerie Vrais Rêves, à Lyon. Mieux encore : elle a déjà exposé à Angers, Lyon, sur des sites Web dédiés à la photo (Corridor Elephant, Lomography, Wipplay…), multiplié les lectures de portfolios organisées par Poltred ou encore placardé certaines de ces images, imprimées en grand format, sur les murs de villes où elle est passée. Comme pour laisser une trace, semer des petits cailloux.

France, Annecy, 1.38 pm - © Axelle Duault-Dhallenne

« Au fil des villes »

Le voyage est donc un thème récurrent chez Axelle Duault-Dhallenne. Elle part pour découvrir de nouveaux environnements, flâner, fouiner, dénicher l’étrange, le dépaysant, l’insolite, l’inédit. Dans son livre D’ici et d’ailleurs, pas de classement d’images par ordre chronologique, mais par thème, « au fil des villes ». Elle se focalise sur les grands espaces, les lieux désertés, les jeux de lumières, les couleurs… Ainsi, quand elle parcourt l’ouest américain, de la Californie jusqu’à l’Utah, en passant par San Francisco, Yosemite et la Vallée de la mort, elle se complait à confronter l’immense et le détail, les parcs nationaux et la déco d’un intérieur. Elle cite alors en référence les photographes Stephen Shore et William Eggleston. « Voyager, ce n’est jamais assez », dit-elle encore. À ses retours, « je ne traite pas toutes les photos tout de suite ». Elle laisse reposer, comme en cuisine avec une pâte. Prendre le temps, faire des essais d’assemblages d’images par thème ou par destination… Axelle Duault-Dhallenne travaille à l’instinct et sur le temps long. Ce qui lui donne des envies de labo argentique in situ, chez elle, à Lyon, où cette originaire de Nantes est installée depuis 2007.

Une pirouette à l’objectif…

© camion photomaton / JR

Depuis le confinement, Axelle Duault-Dhallenne cherche de plus en plus à « dénicher l’exotique dans le quotidien ». D’un objet aux reflets dans une vitrine, son œil se fait plus proche, plus sensible à la beauté de la banalité. Et les portraits ? « Je n’en fais pas. Cet exercice me met mal à l’aise », confie-t-elle. Autant que de se faire prendre en photo. D’où son autoportrait « officiel », telle une pirouette à l’objectif, réalisé dans le camion photomaton de JR, lorsqu’il s’est arrêté à Arles. En 2023, Axelle Duault-Dhallenne a envie de montrer et partager les 65 images extraites de son premier ouvrage. Celles aussi de la nouvelle série qu’elle vient d’amorcer, dont une « prise depuis la mer » s’apprête déjà à partir à Split, le temps d’une expo. Des images qui racontent, parlent, témoignent. Des images tel un exutoire aussi, parfois : « Quand je suis confrontée à un drame, un décès, la photo c’est faire du beau à partir d’un sentiment de tristesse ou d’abandon. »

Rencontre avec Axelle Duault-Dhallenne : jeudi 16 février 2023 à la galerie Poltred : 54 Cours de la Liberté, à Lyon.

Liban, Baatara, 4.16 pm - © Axelle Duault-Dhallenne