1 Epok formidable x Corridor Éléphant mettent en avant le travail photographique d’Isabelle Bourdeauducq. Avec arrêt sur ses images d’une série intitulée Les murmures du silence.

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© belig-photographie

Au départ, il y avait une quarantaine de portfolios en compétition. À l’issue d’une première sélection, moins d’une dizaine ont été retenus. Puis, trois lauréats seulement ont été récompensés. Isabelle Bourdeauducq en fait partie. Jusqu’au 26 mars 2022, les photos de sa série Les murmures du silence sont exposées dans la galerie Nadar de la médiathèque André Malraux, à Tourcoing. Un espace entièrement dédié à l’image, qu’elle partage avec les photographes Rossella Piccino et Stéphane Goin.

Concours de déguisement et club Mickey

Son premier appareil photo ? Isabelle Bourdeauducq l’a eu à l’âge de 8 ans. « Le boîtier était en plastique rouge. Je l’avais gagné à un concours de déguisement, dans le club Mickey d’une plage du sud de la Bretagne », se souvient-elle. L’objet a été comme une révélation. Résultat : à 12 ans, elle a demandé un « Reflex » à ses parents, qui lui dénichent alors un modèle russe. Pour le faire fonctionner : c’est le système « D ».  « Des amis de la famille m’ont donné des tuyaux sur la vitesse et l’ouverture. Le reste, je l’ai découvert sur le tas et en lisant des magazines de photo. Mais je comprenais tout assez vite. C’était comme une évidence. » Alors à 15 ans, elle franchit un pas de plus. Elle fait l’acquisition d’un labo photo noir et blanc et d’un nouvel appareil argentique. Tout son argent de poche y passe. À l’époque, un brin solitaire, la jeune Lilloise immortalise tout ce qui l’entoure : villes, campagnes ou autres découvertes.

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« Les reflets, les ombres, les détails qui apparaissent sur un mur… »

« La photo, je n’en ai pas fait mon métier. » Et pour cause : en fin de collège, Isabelle Bourdeauducq veut devenir kinésithérapeute, pour les liens avec le sport et le clin d’œil à son grand-père, qui avait créé son propre cabinet. Mais elle ne néglige pas pour autant son intérêt pour l’image. Elle shoote toujours en voyage, en vacances. Elle lève le pied, toutefois, sur ses recherches plus personnelles. C’est au milieu des années 2 000 qu’elle reprend « vraiment » ses appareils. « Le photographe et ami Gildas Lepetit-Castel m’a aidée à me structurer dans une démarche photographique. » Même si elle se dit « amateur », son travail circule, plaît et se transforme en livres, expositions, ateliers, workshops… Ses sources d’inspiration ? « La nature, les reflets, les ombres, les détails qui apparaissent sur un mur… » Elle dit avoir « du mal » avec le portrait. Pourtant, elle projette d’amorcer une série sur le thème de « la femme de plus de 50 ans ». « Mais je vais me concentrer sur des détails, des gestes, des mains… une sorte de portraits plus intimes », explique-t-elle. Isabelle Bourdeauducq, la littéraire, se dit sensible à « une photo plus introspective, plus poétique ». Avec un parti pris pour le noir et blanc : « J’aime sa pureté, ses nuances, ses contrastes, sa densité. »

Autoportrait d'Isabelle Bourdeauducq - © belig-photographie

« Trop d’images tue l’image »

« Je suis kiné dans un centre de rééducation pour enfants handicapés, à Lille. » Un choix professionnel qui n’a rien d’anodin. Car il faut tenir. Comme dans une course de fond. « Même si la maladie ou le handicap jouent de mauvais tours à ces jeunes, ils sont d’abord dans l’instantanéité, la spontanéité, par leurs jeux, leurs rires. Ils m’ont beaucoup appris et continuent à me surprendre », confie Isabelle Bourdeauducq. Mais, depuis peu, elle a besoin de s’exprimer davantage avec l’image. Elle ne travaille plus qu’à 60% de son temps comme kiné. « Le reste, c’est pour la photo. » Elle parle de « tournant » dans sa vie, doublé d’une « envie de liberté et de création ». Et ce, pas forcément pour inonder les réseaux sociaux : « Je ne poste qu’une fois par semaine. Car trop d’images tue l’image. » Isabelle Bourdeauducq cherche, tâtonne et trouve, entre errances et contemplation. Une autre idée du temps qui passe, pour mieux le figer ensuite.

Pour en savoir plus sur Isabelle Bourdeauducq, c’est ICI.

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À propos de Corridor Éléphant :

Depuis 2012, Corridor Éléphant montre et relaie la photographie contemporaine, « celle qui témoigne de notre présent, celle qui demeure peu exposée, malgré sa qualité, mais aussi peu ou pas éditée, et ce, quelle que soit son origine dans le monde ». Montrer, éditer, publier, diffuser est le credo de la structure qui met en ligne plus de 150 expositions et publie une douzaine d’ouvrages tous les ans.  Si tous les ouvrages papiers sont en édition limitée, numérotée et signée par leurs auteurs, Corridor Éléphant propose également une soixantaine d’ebooks photos, disponibles sur plus de 500 plateformes numériques dans 51 pays.

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