Elle a de la suite dans les idées. Depuis longtemps, Clémentine Dufour s’intéresse à tout ce qui se mange et tout ce qui se boit. A l’automne 2021, la trentenaire ouvrira son épicerie fine - l'Epicerie Dujour -, à deux pas de Jussieu, dans le Quartier latin à Paris. Au regard de son parcours, tout la prédestinait à sauter ce pas. Sauf peut-être son bac littéraire et sa licence en Sciences du langage, obtenue à la Sorbonne Nouvelle. Pas grand-chose à voir avec la bouffe… Si ce n’est que durant cette période de « liberté » et de « vie parisienne », l’étudiante arrondissait ses fins de mois dans une chocolaterie « à l'ancienne », rue d’Aligre. De cette expérience, elle retient l’idée de « commerce de proximité » et « la livraison à domicile chez les voisins de la boutique ». Du circuit court et de l’entraide spontanés, avant l’heure et l’ère du Covid.

Défendre une production locale et responsable

Les voyages forment la jeunesse. Les petits boulots aussi. Histoire de changer d’air après la Sorbonne, Clémentine Dufour quitte Paris pour Melbourne. Pendant huit mois, elle bûche son anglais et bosse dans une chocolaterie : une de plus à son palmarès. De retour en France, elle est tour à tour serveuse, « couteau-suisse » dans un resto ciblé bento dans le Marais, vendeuse dans une épicerie du XIXe arrondissement, où elle découvre les vins naturels. A cette même période, elle décroche un master spécialisé « gastronomie » à l’UFR Esthua Tourisme et culture, à Angers. Un concept d’épicerie fine fait l’objet de son « projet professionnel » à l’université angevine. Mais, une fois diplômée, elle ne se sent pas encore prête à le concrétiser. A 25 ans, pour payer son loyer parisien, elle accepte un job de vendeuse chez Papier Tigre. Là, elle s’initie à la papeterie artisanale et prend plaisir à défendre une production locale et responsable. Des valeurs dans lesquelles elle se reconnaît.

« A 31 ans, je ne veux plus de patron »

Elle cogite. La fan de « food » cherche la meilleure façon de combiner nourriture, locavorisme, durable, responsable et Paris. En attendant le bon plan, Clémentine Dufour propose de bons spots dans le cadre de visites touristiques via Airbnb Experiences. Une façon de faire découvrir sa ville et le Quartier latin en particulier, sous l’angle gourmand. Au programme : les pâtisseries du café-librairie Tram, la boutique Graine du jour à Mouffetard, la pause-café chez French Theory ou encore le bon bar pour boire un cru « Petite nature » de la vigneronne Pauline Maziou. Le sourcing est précis, original, hors des sentiers battus. Tout pour plaire aux touristes qu’elle accompagne du Panthéon au Jardin des plantes, en passant par le marché de la place Monge. La guide se fait un carnet d'adresses, qui prépare déjà la suite. Car le premier confinement va servir de déclic. Clémentine Dufour observe la transformation des restos, le développement du « click & collect », l’évolution des cartes et menus… Elle peaufine alors le business plan de son projet d’épicerie fine, qu’elle imagine avec du vrac, un comptoir et une offre accessible même aux budgets les plus serrés, comme ceux des étudiants. « A 31 ans, je ne veux plus de patron », dit-elle. L’indépendance avant tout. Résultat : sa mise de fonds se fait grâce à une campagne de financement participatif. Un premier pas pour convaincre une banque et amorcer la recherche d’un local dans le Ve arrondissement.

Carte courte, car faite sur place et minute

Habile et agile sur les réseaux sociaux, Clémentine Dufour partage tout de son aventure : découvertes, dégustations de nouveaux produits, balades, rencontres, progression des travaux dans sa future boutique située 3 rue des Boulangers… Le « teasing » est régulier, bien tenu, avec des points de vue originaux sur le boire et le manger. Pour les rayons de son épicerie, Clémentine Dufour a d’ores et déjà sélectionné des bières franciliennes, poivre sauvage du Languedoc, gingembre bio français, nougats de Montélimar, cosmétiques artisanaux de Grenoble… Au déjeuner, sa carte sera courte, car faite sur place et minute, avec des soupes, légumes rôtis, harira, cookies, compotes… D’ici à l’automne, elle va également recruter deux apprentis et multiplier les partenariats avec les commerçants du Ve, histoire de créer du lien dans ce lieu à part. Elle prépare le terrain. Et ce d'autant que le chantier de son épicerie fine touche à sa fin.

L’Epicerie Dujour est aussi ICI.