Pour y aller, il faut prendre le RER. Le « B ». Direction : Gentilly. C’est juste de l’autre côté du périph’. Ensuite, c’est tout droit, à cinq minutes de marche. Rien de sorcier, donc, pour arriver aux anciens bains-douches de la ville, qui servaient aussi de lavoir. Ouverts en 1924, Robert Doisneau, né en 1912 à Gentilly, y venait gamin, avec sa mère. Dans un film de huit minutes, réalisé en 1990 par Bernard Bloch et intitulé Robert Doisneau sans les photos, le photographe raconte le rituel de la douche hebdomadaire : truculent. Puis, avec la démocratisation de la salle de bains, le lieu a fermé à la fin des années 1950. Longtemps à l’abandon, squattés un temps, ces bains-douches publics ont fait l’objet d’un vaste projet de réhabilitation. Une initiative menée par la ville de Gentilly et ses habitants depuis l’orée des années 2000. Un bail. Car c’est seulement aujourd’hui que le site ouvre à nouveau ses portes. Mais on ne vient plus, ici, avec sa serviette éponge et son linge sale. Les ex-bains-douches sont devenus Lavoir Numérique.

Un mix de gens et de genres, dédié à l’image et au son

Autre époque, autre vocabulaire. Au 4 rue de Freiberg, on ne parle plus savon ni lessive, mais images et son numériques. Normal : le lieu, unique en son genre, se veut désormais « équipement culturel de l’Etablissement public territorial Grand-Orly Seine Bièvre ». Autrement dit, dans cet espace de 1 000 m2 avec salons d’expo, studios, salle de projo et même chambre anéchoïque, place à la création audiovisuelle. Qui peut venir ? Tous les publics pour faire à peu près tout. Les jeunes, dans le cadre d’ateliers ou de cours étalés sur une année, pour apprendre ce qu’est un sample, une boucle rythmique, une mélodie, réaliser une émission de radio ou un podcast… Les adultes, lors de stages ou masterclass, pour mieux comprendre les enjeux de la mutation numérique, s’initier aux effets spéciaux, au montage d’une vidéo... Ou encore les retraités pour découvrir comment retoucher des photos et gérer des stocks d’images… A cela s’ajoute des expos - dites « séquences » - trimestrielles, des résidences bisannuelles, des actions communes avec la Maison de la Photographie Robert Doisneau, également à Gentilly et gérée par la même équipe que celle du « Lavoir ». Un véritable bouillon de cultures. Un mix de gens et de genres, dédié à l’image et au son.

« 31 ans de Web »

Que la fête commence ! Et ça démarre dès cet été avec une première « séquence » consacrée à « 31 ans de Web ». Qu’est-ce-que le Web ? Comment a-t-il fait évoluer notre audiovisuel ? Comment nous a-t-il transformé ? Autant de questions abordées aussi bien lors de rencontres qu’avec une programmation de films tels que Science des rêves de Michel Gondry, Level five de Chris Marker ou Ready player one de Steven Spielberg. Puis, en octobre 2021, ce sera plein feu sur « la vidéosurveillance » pour la « séquence # 2 » et, en janvier 2022, le thème de la troisième session sera « La création sur les médias sociaux ». Quant à la première résidence, elle cible trois créateurs issus chacun d’un domaine différent – photo, vidéo et son -, avec un projet cohérent et pertinent à développer. Les élus seront logés, rémunérés et devront présenter leurs travaux au printemps 2022. Bref, ça balance pas mal du coté de Gentilly et ça aurait plu à « Robert » (Doisneau), comme l’appellent les Gentilléens. D’ailleurs, ultime hommage au photographe, le film de Bernard Bloch est projeté, à la demande, dans la salle de projo du Lavoir Numérique. L’occasion de (re)voir le lieu avant sa rénovation et d’entendre Doisneau parler de sa jeunesse de l’autre côté du périph’.

Le Lavoir Numérique : 4 rue de Freiberg, 94250 Gentilly. Entrée libre. RER B : Gentilly.

Et aussi : court métrage « Doisneau sans les photos », à voir ICI, si l’on est trop loin de Gentilly…