La nature les inspire. En particulier les oiseaux. Alors Nathalie Baetens, Sophie Bøhrt et Antonin Anzil, respectivement photographe, dessinatrice et sculpteur sur papier, ont décidé de faire cause commune dans une exposition à voir du 1er au 10 décembre 2022 à la Galerie Pos, rue d’Hauteville, à Paris. Leur travail investit la totalité du lieu et ouvre ainsi une conversation entre trois univers qui se coupent, se recoupent, se joignent, se rejoignent. Une histoire de subtils volatiles, baptisée « Drôles d’oiseaux ».

Sur papier Velin d’Arches…

Au départ, Nathalie Baetens et Antonin Anzil, qui avaient déjà œuvré de concert chez le créateur de parfums Francis Kurkdjian, ont eu l’idée et l’envie d’allier leur savoir-faire. De quelle façon ? En partant de la série d’images d’oiseaux de nuit – chouettes et hiboux - réalisée par la photographe. Le geste en plus d’Antonin Anzil ? Sculpter une lune – motif récurrent dans ses créations - sur chaque tirage. Pas si simple. Car il a fallu mener une recherche graphique, stylistique, mais aussi multiplier les tests avant de trouver le bon support et arriver à un résultat concluant. « Finalement, nous avons opté pour le papier avec lequel Antonin travaille habituellement », explique Nathalie Baetens. À savoir un papier Velin d’Arches, que le sculpteur pique, gratte, soulève, forme, transforme, le tout à la pointe sèche. Le résultat ? Il est bluffant. Avec, en creux, cette question : les photos sont-elles celles d’oiseaux vivants ou naturalisés… Le mystère plane… Au visiteur, à l’amateur, au curieux de voir, savoir, sentir, ressentir ce qu’il en est de ces « Oiseaux de nuit ». Une vingtaine de pièces - chacune tirées en cinq exemplaires numérotés - sont accrochées dans la galerie parisienne. Avec en prime quatre planches-test, qui témoignent des recherches et essais menés en amont par le duo d’artistes. Quant à l’encadrement, Nathalie Baetens et Antonin Anzil ont choisi la caisse américaine, sans verre, pour être au plus près de la matière. Le tout servi par un éclairage latéral, en vue de révéler les reliefs des lunes sculptées.

« Matière première urbaine »

Dans cette expo, le duo d’origine fait finalement ménage à trois avec Sophie Bøhrt. À l’instar d’Antonin Anzil, la dessinatrice avait déjà un lien, une complicité artistique avec Nathalie Baetens. La photographe a, en effet, l’habitude de « shooter » les natures mortes de Sophie Bøhrt, qui transforme en trésor les feuilles et brindilles qu’elle ramasse sur les trottoirs et dans les squares parisiens. « Une matière première urbaine », précise l’artiste qui s’en inspire ensuite pour ses dessins à la plume. Ainsi ses feuilles de tulipiers et autres noisetiers prennent-elles des allures de danseuses, tout en poésie, fantaisie, légèreté. Mêmes tonalités avec ses moineaux, qui font écho à la série de photos de nids d’oiseaux que Nathalie Baetens vient d’amorcer. Une fois encore les univers se côtoient, se tutoient, correspondent, se répondent. « Nous nous reconnaissons, tous les trois, dans nos postures et processus de création », commente Antonin Anzil. Si bien que la Galerie Pos a prévu un mur commun aux trois talents. « Une sorte de mosaïque de nos sensibilités », disent-ils. Un mur telle une œuvre à part entière.

Bande à part

Sophie Bøhrt dans son atelier.

Enfin, quelques mots sur cette bande à part. Après un parcours de graphiste, Nathalie Baetens est devenue photographe en 2009. Depuis, elle travaille pour la presse, des maisons de luxe, des particuliers. De son côté, la dessinatrice Sophie Bøhrt crée des décors sur de nombreux supports comme le papier peint, le cuir de Cordoue, le verre, l’ardoise, le bois, la faïence, la porcelaine, la mosaïque. Diplômée de la Haute École d’Art et de Design de Genève, elle collabore avec les faïenceries de Gien, le porcelainier Raynaud, mais signe aussi des créations pour les vitrines de la maison Hermès à Paris ou des motifs de papiers peints panoramiques pour la maison Isidore Leroy. Quant à Antonin Anzil, passé par l’École Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers et l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, il a travaillé cinq ans au sein de la maison Francis Kurkdjian. Installé depuis 2017 dans un atelier à Ivry, le sculpteur sur papier multiplie les collaborations. On lui doit notamment l’étui seconde peau de 20 magnums de Blanc de Blancs, pour la maison Ruinart.

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 Drôles d’oiseaux – du 1er au 10 décembre 2022 de 12h à 19h à la Galerie Pos : 49 rue d’Hauteville, Paris 10eVernissages : jeudi 1er décembre de 18h à 21h et samedi 3 décembre de 17h à 20h.

Nathalie Baetens, entre deux reportages...