Elles s’appellent Catherine de Médicis, Diane de Poitiers, Marguerite de Valois… elles sont au cœur du propos de l’exposition « Renaissance des femmes », à voir jusqu’au 10 juillet 2022 au château de Blois. Une centaine d’œuvres - prêtées par le Louvre, la Bibliothèque nationale de France, le Musée national de la Renaissance à Ecouen, les châteaux de Versailles et Fontainebleau, le musée Condé à Chantilly… - sont réunies dans trois des salons de la bâtisse royale. Peintures, dessins, pièces de mobilier, livres, documents d’archives, bijoux… tous témoignent de l’influence des régentes, favorites ou savantes. Pas moins de 34 d’entre elles sont sous le feu des projecteurs, avec la mise en exergue des coups durs, coups bas ou coups du sort qui ont nui à leur ascension. Passionnant. Un travail qui s’appuie sur le livre Femmes de la Renaissance (éditions Taillandier) de Sylvie Le Clech et les recherches de Caroline Zum Kolk, à la tête de la publication Femmes à la cour de France, charges et fonctions, XVe-XIXe siècles (éditions Septentrion).

« L’infériorité des femmes n’est pas une loi de la nature »

D’aucuns ont vu dans cette expo, un focus sur les prémices du féminisme. Est-ce exagéré ? Pas tant que ça. Surtout lorsqu’on tombe, au détour d’un corridor du château, sur L’égalité des hommes et des femmes, texte rédigé à l’orée du XVIIe par Marie de Gournay, « fille d'alliance » de Michel de Montaigne. Dans cet écrit, elle prend parti. Sans chichi, ni pincettes. Selon elle, « l’infériorité des femmes n’est pas une loi de la nature, mais une injustice de la société qui leur refuse la même instruction qu’aux hommes », explique Elisabeth Latrémolière, conservateur du château royal et des musées de Blois. Puis, on croise Diane de France, fille illégitime d’Henri II, femme d’affaire, femme politique, qui n’a pas hésité à afficher son homosexualité... Catherine de Médicis, quant à elle, a assisté à cinq règnes, passant de simple bru du roi à reine mère… Au fil des salles et des vitrines, se succèdent aussi Antoinette de Bourbon, la duchesse de Montpensier, Guillemette de Sarrebruck, Alphonsine Strozzi, Marie de Clèves… La scénographie évoque leur quotidien, leur sens de l’émancipation, leur liberté de ton ou d’action.

Fraise, vertugadin et tenue d’apparat

Le dressing de ces femmes engagées est, lui aussi, analysé, décodé. Ainsi la robe montante se porte avec une fraise. Des vertugadins autour des hanches camouflent le corps : on cache, on se cache. La tenue d’apparat, cousue de bijoux, révèle des matières qui en disent long sur le rang social… Et le noir ? Là, c’est chasse gardée : cette couleur est réservé aux régentes. Autres temps, autres mœurs. Mais toujours une même volonté pour ces femmes de s’affirmer, exister, plaire, quitte à déplaire… En sortant des salles d’expo, il faut flâner dans le château, son musée des Beaux-Arts, puis déambuler dans les jardins royaux réaménagés, en 1992, par le paysagiste Gilles Clément. S’il reste un moment, ça vaut le coup de se balader jusqu’à la roseraie, qui vient de rouvrir. Celle-ci domine la Loire et côtoie le jardin de l’évêché, dont le kiosque propose d’excellents vins couleurs locales, à déguster dans un transat, les pieds nus dans l’herbe.

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« Renaissance des femmes » : jusqu’au 10 juillet 2022, tous les jours au château de Blois de 9h à 18h30 (et 19h en juillet). Billetterie et informations : www.chateaudeblois.fr