Elles étaient faites pour se rencontrer. Ou plutôt, leurs univers étaient faits l’un pour l’autre. Leur vision des « choses » aussi. Objets, couleurs, matières, espaces… Morgane Le Gall et Hélène Nepomiatzi ont des points en commun. La première est photographe, la seconde, designer. La première « shoote » des objets. La seconde les pense, les dessine, les crée. Il y avait donc comme une évidence que leurs travaux se retrouvent dans un même lieu, une même scénographie, une même logique. C’est « chose » faite : jusqu’au 28 mars 2022, elles exposent en duo, un dialogue d’objets et d’images, au numéro 40 de la rue de Varenne, à Paris. Signe particulier de cette installation : les drôles de dames sont présentes, de 10h à 18h. Elles content, racontent, expliquent cette conversation muette qui pare et s’empare des murs de la galerie. Muette certes, mais qui en dit long sur le talent, savoir-faire et précision d’exécution des deux femmes. Une fantaisie qui sort du convenu et de l’attendu. Une poésie qui donne des couleurs, du relief, une forme et du fond à cet accrochage d’exception.

Des « lampes pompon » papotent avec des détails de peintures…

L’idée de départ était donc d’instaurer une conversation entre une série d’images de Morgane Le Gall et une sélection d’objets imaginés par Hélène Nepomiatzi. Mais pas si simple de nouer des liens, s’apprivoiser, cohabiter. Sauf si on cale l’interaction des disciplines sur des tonalités, une approche graphique et esthétique. Ce que les deux artistes ont parfaitement réussi. La photographe a puisé dans une série de photos réalisées dans l’une des salles de cours du château de Versailles. Un travail issu d’une commande pour le journal Les carnets de Versailles, jamais exposé auparavant. Quant à la designer, elle a mis en regard des objets pour la maison : lampes, miroirs, tableaux à poches… tous en cuir, sa matière première. Son matériau de prédilection. Le résultat : les accords sont parfaits. Les « miroirs sellier » et « lampes pompon » papotent avec des détails de peintures accrochées sur les murs de Versailles. Les tableaux à poches - où tout se range, se dérange, s’arrange - tutoient des pièces en enfilade. Et un étonnant rideau, tout en bandelettes de cuir colorées, vient clôturer cette installation de créations en série très limitée. Tout ça, sans ostentation, ni clinquant. Sobriété, simplicité et spontanéité sont de mise. Et c’est drôlement rafraîchissant.

L’une vient des Arts déco, l’autre du Studio Berçot

Morgane Le Gall et Hélène Nepomiatzi se connaissent depuis six ans. La première avait « flashé » sur le sac Cochon Tirelire créé par la seconde. Elles se sont vues, revues, écoutées, entendues. Et l’idée d’une expo commune a fait son chemin. Une route qui unit et réunit deux talents aux profils différents. Morgane Le Gall, la Brestoise, fille d’antiquaires, sort des Arts déco et travaille aussi bien avec Ronan & Erwan Bouroullec – qu’elle connaît depuis les bancs de l’école, à Quimper – que les Normal Studio ou des éditeurs tels que Lelièvre ou Sammode. Quant à Hélène Nepomiatzi, la Parisienne, elle est passée par le Studio Berçot. Ses premiers accessoires ont été repérés par Karl Lagerfeld, pour lequel elle va ensuite travailler : « Il a voulu que je lui fasse un chapeau. Je n’en avais jamais fait. Mais j’ai dit oui… » Puis, avec sa marque « 31 février », elle a décroché un prix au concours Andam Fashion Awards. Aujourd’hui, elle collabore avec des maisons comme Hermès ou Céline, ses miroirs sont en vente chez Liaigre (à Londres et Paris) et sa marque porte désormais son nom. La complicité entre Morgane Le Gall et Hélène Nepomiatzi est simple, sincère, évidente, au service d’un beau qui fait du bien. Il faut aller voir et les voir au 40 rue de Varenne : c’est une vraie bouffée d’air en ce début de printemps.

Exposition Morgane Le Gall & Hélène Nepomiatzi : 40 rue de Varenne, Paris 7e. Jusqu’au 28 mars 2022. De 10h à 18h. Après 18h, sur rendez-vous. Morgane Le Gall est aussi ICI et Hélène Nepomiatzi, .