Entre port du masque, gestes barrières et couvre-feu, ça fait un bien fou de prendre un peu de hauteur. D’aucuns en profitent pour visiter la tour Eiffel, désertée des touristes, et voir Paris autrement... Décollage immédiat aussi avec le livre Vues d’en haut (Corridor Eléphant Editions), du photographe Benoit De Clerck. Rien à voir avec les séries dites « vues du ciel », qui ont fait le succès de certains. Ici, pas de prouesses en hélicoptère, ni d’appareil « dernier cri » comme dit l’éditeur dans sa préface. Mais plutôt une certaine intimité dans la façon de montrer des paysages, des campagnes, des ponts, des routes qui se croisent, à moins qu’elles ne se rejoignent pour mieux se séparer plus loin… Le choix d’un traitement en noir et blanc de ces images accentue les reliefs, amplifie les jeux d’ombre et de lumière. Parfois on est proche du tableau, de la peinture. Un exercice de style qui invite au voyage, dans des contrées sans aucun personnage, vidées, dépeuplées. Un parti pris qui fait écho à certaines œuvres de l’expo « Nostalgie de la nature – L’art chinois à l’écoute du paysage », à voir jusqu’au 17 janvier au Musée Rietberg, à Zurich.
Vol de jour pour oiseaux de nuit…
Les 80 œuvres sélectionnées et accrochées, dans le musée suisse, mettent en scène montagnes, cours d’eau, forêts, nuages. Avec un regard souvent distancié, une prise de recul, une certaine hauteur. A l’instar des « pics et ravines » de Gong Xian (vers 1670), des « sommets abrupts » de Li Keran (vers 1961), jusqu’au surprenant « Phantom Landscape » de Yang Yongliang, daté de de 2010. On traverse les époques, les styles, mais les sources d’inspiration restent. Les paysages content et en racontent toujours autant. C’est l’une des leçons de cette expo. A mettre en parallèle avec l’œil de Benoit De Clerck, qui survole, tel un subtil volatile, une nature brute, parfois meurtrie, voire transformée. Un vol de jour en toute liberté, alors que les oiseaux de nuit sont désormais privés de sortie, ici, à Paris.