Elle vient de l’Ouest de la France. Lui, du Sud. Angélique Maillard et Julien Cottier se sont rencontrés à Paris, en 2008. Ils étaient alors en stage chez l’architecte Jean Nouvel. Elle, c’était à l’issue d’un cursus d’architecture d’intérieur à Duperré, puis à l’Ensaama Olivier de Serres. Lui, il cumulait Bellecour à Lyon et le Politecnico di Milano. Plutôt doué, le duo. D’ailleurs Jean Nouvel va les embaucher pour de l’archi d’intérieur, du design et de la conception 3D. Puis, au bout de deux ans et demi, Angélique Maillard et Julien Cottier ont besoin d’air. Ils s’échappent à Montréal. Une virée de près d’un an, durant laquelle ils travaillent pour une agence canadienne d’architecture, tout en profitant de cette ville à part, où l’on parle français en n’étant qu’à 90 minutes de vol de New York. S’installer à Montréal ? Ils hésitent. Ils font quelques allers-retours avec Paris et, finalement, posent leurs bagages dans le XIXe arrondissement où ils créent, en 2011, l’« Atelier JMCA – Architecture & Design ». Leur premier client ? Le cuisinier Pierre Sang, alors finaliste de l’émission télé Top Chef. Il ouvre son premier resto, rue Oberkampf, et confie à Angélique Maillard et Julien Cottier le soin de faire rentrer cuisine de pro et salle d'une vingtaine de couverts dans… une boîte à chaussures ! Les archis s’en sortiront en misant sur un long comptoir en bois, qui se termine en table d’hôtes. Un parti pris original et fonctionnel, qui plait : d’ailleurs Pierre Sang leur fera à nouveau confiance pour deux autres adresses parisiennes.

Ibis Styles, Toulon - © David Foessel

Ils cultivent le pas de côté

Liberté et indépendance guident les deux complices. Et ça fait près de dix ans que ça dure. Même lorsqu’ils concourent pour un projet d’Ibis Styles chez Accor, ils cultivent le pas de côté et se font repérer : en trois ans, il ont ainsi planché sur cinq hôtels du groupe. Parce qu’ils ont un ton, un regard, une certaine audace aussi. Avec eux, les poutres du plafond d’un bâtiment patrimonial, réhabilité en resto, deviennent des casiers à bouteilles. Ils prennent aussi le temps d’expliquer la pertinence d’opter pour un enduit à la chaux, « même si ça coûte deux fois plus cher et que ça se travaille en deux fois plus de temps », reconnaît Angélique Maillard. Oui, mais ça change tout en terme de confort hygrométrique… Ils aiment « l’exercice technique », comme dit Julien Cottier, qui a repris un cursus à Paris-Belleville pour être architecte HMONP (ex-DPLG). La déco, le décor, le resto, l’hôtel ou l’appartement « instagrammable » une fois le chantier terminé, ils savent faire. Mais quand il y a un côté « Lego », voire la transmission d’un savoir, il s’amusent encore plus. « Pour concevoir la micro-brasserie Fauve, rue de Charonne, j’ai dû fouiner jusqu’à tomber sur les travaux d’une thésarde, consacrés à la problématique des caves voûtées. Problématique à laquelle nous étions confrontés » , se souvient Julien Cottier.

Les Cuves de Fauve, Paris 11e - © Olivia Haudry

O Distingo, Eaubonne - © Olivia Haudry

« Faire moins, mais mieux… »

Après l’épisode du confinement, ils veulent désormais « faire moins, mais mieux ». De quelle façon ? « En raisonnant localement et en évitant les sélections toutes faites dans les catalogues, pour mettre en avant des artisans de proximité. » Ce qu’ils font déjà, à titre expérimental, en ayant choisi d’installer leur agence dans l’espace de coworking Volumes, à un quart d’heure de marche de chez eux. Pensé comme « un carrefour de communautés » et « un laboratoire », Volumes leur a donné carte blanche – et offert quelques loyers - pour aménager la cuisine commune à partir de chutes de bois et autres matériaux de récup’. Une cuisine de pro, où des chefs viennent tester de nouveaux concepts et nouer des liens avec les « locataires ». Le « lab’ » se fait alors pépinière de talents et colle à l’ouverture d’esprit comme à l’esprit d’équipe de l’Atelier JMCA : CQFD.