Il a l’art de tourner, retourner, détourner les objets. Pour leur donner un autre sens, une autre vie. Il parle de « rencontres » inédites, inattendues entre ces pièces. Des pièces du quotidien : accessoires de cuisine, de couture, bouts de ficelle… De ces petits riens, Julio Villani fait de grandes choses. Deux trous dans un plat et une cordelette rouge deviennent un sourire. Une « navette » de métier à tisser sert soudain de coque à une « navette » fluviale, voire un bateau qui fait la liaison entre des gens, entre des lieux, comme la navette couturière va et vient... Double jeu et jeu des mots rythment le travail de Villani. La poésie est partout chez cet artiste brésilien touche à tout, aussi à l’aise avec la peinture qu’avec le dessin, le collage, la broderie, la photo, la sculpture… 1 Epok suit chacune de ses expos parisiennes. Car c’est toujours un enchantement. Un moment à part. Une échappée loin du train-train. Une fenêtre ouverte sur un monde imaginaire, où tout paraît simple, sincère, délicat, posé.

« Pas un jour sans ligne »

Une série de peintures et une sélection d’objets signés Villani sont exposés jusqu’au 25 avril à la Galerie RX à Paris (16 rue des Quatre Fils, 3e). L’ensemble a été baptisé « Point à la ligne ». Car « pas un jour sans ligne » disait Paul Klee. Or, chez Villani, les lignes sont partout. En hauteur, en largeur, en reflets sur un mur… Des lignes libres, à suivre peut-être.

Fernand Léger, selfie et endurance

A ne pas manquer non plus : le travail du photographe Stéphane Couturier, accroché en parallèle à celui de Villani. Comme si les deux artistes dialoguaient, se répondaient. Et ce d’autant que les images de Couturier sont remplies de lignes. Et pour cause : la série s’intitule « Les Nouveaux Constructeurs », clin d’œil aux « Constructeurs » de Fernand Léger. Une autre façon d’appréhender la photo et de la faire. Là, on est loin, très loin du selfie. Couturier suit sa route, ses idées, ses envies de mélanges qui rappellent parfois des collages. L’image est déstructurée, pansée, repensée. Le temps d’une conversation avec le photographe, il a laissé échapper que sa quête a des allures de course de fond. Il a parlé d’endurance. Il faut tenir, garder son cap. Un mode opératoire que l’équipe d’1 Epok connaît bien : elle le pratique au quotidien.