Liaison dangereuse

Arnaud GUILLON 17 © David Ignaszewski-koboyRQuand on le voit pour la première fois, il a tout du gendre idéal. Mèche sur le front, pull en V bleu marine, chaussures cirées. Mais il suffit d’engager un peu la conversation avec le romancier Arnaud Guillon pour s’apercevoir que derrière ce profil de BCBG, échappé d’une fac de Droit, se cache un type drôle plus qu’un drôle de type. Un curieux qui s’interroge, par exemple, sur le public qui fréquente le Monoprix de la rue de Rennes, à deux pas de chez lui à Paris : « il paraît que c’est un lieu de drague ? » Affirmatif. Surtout après 21 heures aux abords du rayon lingerie… époque formidable ! Cinéphile aussi, l’ami Guillon. Dans son dernier roman, Tableau de chasse (Héloïse d’Ormesson), Claude Sautet n’est jamais loin. Quant à son « déca » pris au Tournon avec moi, il lui a rappelé d’emblée Michel Deville et son Mouton enragé, tourné en partie dans ce bistrot… Puis, il a enchaîné avec Rohmer, Ma nuit chez Maud, Trintignant et son regard « parfois inquiétant »… Guillon aime les salles obscures, mais la bonne bouffe aussi -même s’il ne cuisine pas-. Dans son dernier bouquin, les scènes de table ne manquent pas : « ça ajoute de la sensualité », dit-il. Tableau de chasse raconte l’histoire d’une rencontre, celle entre Manon et Eric. Mais Manon vit déjà avec Vincent. Du coup, ça se complique. La liaison devient dangereuse. « Eric, c’est le grain de sable. C’est aussi l’irruption de la passion dans une vie », explique Guillon. Le livre se lit d’une traite. Car l’auteur sait créer des atmosphères, des situations et tenir ainsi son lecteur en haleine jusqu’à une fin inattendue, qui offre une seconde interprétation au titre du bouquin. Malin. « Quand j’étais enfant, j’inventais déjà des histoires avec des dessins, se souvient-il. Je dessinais au stylo à bille, mais je préférais de loin le crayon de papier, car avec une gomme je pouvais faire évoluer les personnages et leur visage ». Ce qu’il fait aujourd’hui avec des mots. « Je prends des notes un peu partout, dans le train, dans la rue, sur un banc du Luxembourg… mais j’écris chez moi, j’ai besoin d’être dans un cadre familier, une routine, un lieu où je me sens protégé, où je peux couper le téléphone si j’en ai envie ». Guillon s’apprête à faire un mini tour de France au rythme des salons littéraires qui se profilent. Une occasion de le rencontrer, papoter avec lui, décrocher une dédicace : il sera en avril au salon Lire à Limoges, en mai à la Fête du livre de Talloires, en juin au Festival du livre de Nice. Et pour les impatients, ses confessions au Tournon sont à voir et à écouter en cliquant ici.

© David Ignaszewski-koboy