Le sens de l’urgence

vaneauHier matin, station Vaneau, une femme d’une cinquantaine d’année s’effondre sur le quai. Livide. Muette. Sans réaction. Personne ne s’arrête. Incident banal. Normal. Alors on continue sa route. On l’abandonne dans sa déroute. Elle ne tient pas le rythme. Elle ne prend plus sa place dans le trafic. Alors on la laisse sur la touche. « On » sauf un : le SDF installé sur le quai. C’est lui qui a hurlé, appelé à l’aide, tiré la sonnette d’alarme. Lui aussi qui a interpelé une femme qui passait en lui demandant d’utiliser son téléphone pour appeler les pompiers. La femme sollicitée a semblé ne pas entendre. Ne pas comprendre. Car son portable ne lui a sans doute jamais servi à composer le 15 ou le 18. Des numéros non mémorisés au milieu de ceux de ses copines, copains, collègues, voisins… Cette scène qui a duré moins de cinq minutes, je l’ai observée du quai d’en face. Comme un spectateur venu voir, en sous-sol, une pièce de théâtre écrite par un maître de l’absurde. Une pièce qui conte et raconte qu’en cas de véritable urgence, c’est la panique. Celui qui tombe reste à terre. En espérant qu’un type déjà au sol vienne le secourir. Epoque formidable.