Scénario pour un chariot

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C’était en 2010. Damien Saez défrayait la chronique avec la pochette de son album J’accuse : Jean-Baptiste Mondino y avait immortalisé une femme dénudée dans un chariot de supermarché… L’Autorisation de Régularisation Professionnelle de la Publicité s’était dit « choquée ». Cette photo bousculait les lignes. Le cliché dérangeait. « Tout est bafoué. Il n’y a pas de liberté d’art, pas de liberté de message. On s’en fiche de tout », avait alors déclaré Saez dans les colonnes du magazine Elle. Quatre ans plus tard, la réalité a dépassé la fiction, la création. En fin de semaine dernière, on pouvait faire la même image que celle de Mondino, en remplaçant le top model par un jeune Rom de 16 ans, tabassé par une douzaine de personnes qui le soupçonnaient de cambriolage à Pierrefitte-sur-Seine, près de La Courneuve. On a retrouvé l’ado, inconscient, dans un chariot de supermarché abandonné sur la nationale 1… près de la Cité des Poètes. Ça ne s’invente pas dans notre époque si formidable. Certes le message de Saez condamnait plutôt la surconsommation de tout, alors que le fait divers de Pierrefitte met le doigt sur la problématique des bidonvilles à l’orée de Paris. Mais c’est le même chariot. Le même scénario. Saez et Mondino avaient vu juste : un Caddie peut ne pas servir qu’à empiler des Mamie Nova et des Pépito…