Galerie en galère

noirmont

Le mail est arrivé dans l’après-midi. Comme ça. Mine de rien. Jérôme et Emmanuelle de Noirmont ont profité de leur newsletter pour annoncer la fermeture de leur galerie d’art contemporain, avenue Matignon, à Paris. Ils sont à bout, au bout de vingt ans. « Notre métier a profondément changé depuis notre ouverture en septembre 1994. L’avenir semble se dessiner dans certaines niches pointues pour des galeries de structure légère et dans la labellisation de méga-galeries, aussi puissantes qu’importantes avec plusieurs implantations internationales (…) Un développement suppose des investissements colossaux en termes à la fois de finances, de temps et d’énergie, avec des prises de risque et de responsabilité majeures (…) Ne voulant pas prendre le large hors de France, une telle expansion nous paraît irréaliste. Le mauvais contexte politique, économique et social de la France d’aujourd’hui, auquel s’ajoutent un climat idéologique malsain et une pression fiscale étouffante, obère toute perspective d’avenir du marché de l’art en France et altère tout enthousiasme comme tout esprit d’entreprendre ». Gloups. Le verdict est sans appel. Le décor est planté. Embarquez si vous voulez… et vogue la galère ! Pourtant cette galerie de la rive droite a mis en avant des talents comme Keith Haring, Pierres et Gilles, Valérie Belin, Fabrice Hyber… et jusqu’au 23 mars, Marjane Satrapi. Elle s’est mouillée. Elle a fouiné. Chiné. Déniché. Mais l’époque aussi formidable soit-elle est également un brin cruelle. Clap de fin après demain. Bonjour tristesse.