Les palmiers de monsieur Pégouret

Passer par le Laurent, le resto étoilé de l’avenue Gabriel, à Paris, c’est souvent en repartir avec quelques douceurs. A savoir une boîte remplie de palmiers. Oui, de palmiers. Ces gâteaux un brin démodés qui fondent dans la bouche lorsqu’ils sont réussis. Et, au Laurent, la recette du chef Alain Pégouret fait parler le tout-Paris. On se pâme devant ses palmiers. En début de semaine, j’ai eu droit à ma boîte. Le bonheur. Celle-ci contenait une douzaine de palmiers. Impossible, donc, de les manger tous d’un coup. Il était 15h30. Et je n’avais pas envie de partager mon précieux trésor avec la personne que je devais rencontrer à 16 heures. L’heure du goûter, pourtant. Mais non. J’ai mes têtes. J’ai donc remonté l’avenue de Messine en commençant à savourer les palmiers. Un, deux, trois, puis quatre. Mais la gourmandise a ses limites. Partager ? Oui, mais avec qui ? A l’orée du parc Monceau, j’ai aperçu une femme à l’air un peu triste. Abattu. Je me suis approchée. J’ai ouvert la boîte en carton et lui ai proposé de piocher dedans sans retenue. Elle m’a souri et s’est servie. Merci monsieur Pégouret : vos succulents palmiers ont illuminé le milieu d’après-midi de cette femme, qui vit à même le bitume de la rue de Lisbonne. Sans domicile, elle s’est installée là avec son chien. Les palmiers terminés, nous nous sommes saluées. Comme deux copines qui s’étaient croisées, par hasard, dans notre époque si formidable.