Collection Paddle, par Benoît Deneufbourg.

C’est en camionnette qu’il est venu de Bruxelles jusqu’à Paris. Pour livrer. Quoi ? Des tables, chaises, catalogues… Olivier Stévenart n’aime pas rouler à vide. S’il émet du gaz carbonique, il faut ce soit justifié. Fondateur de la marque de mobilier belge Cruso, il participe à Paris Design Week. Jusqu’au 8 septembre 2020, au Café Intramuros*, il présente les plateaux, étagères, tables et assises qui viennent de s’ajouter au catalogue de Cruso.

Un apprentissage, sur le tas et sur le tard

Tout a commencé lorsqu’il était étudiant en marketing à Bruxelles, la ville où il a grandi et où il vit toujours. Son père, un homme d’affaires, venait de reprendre une menuiserie. « Je m’y suis intéressé et j’ai découvert le bois, le mobilier, la fabrication… Ça m’a plu tout de suite », raconte Olivier Stévenart, installé devant un café « normal » et sans sucre. L’étudiant en marketing délaisse alors les chiffres, analyses et autres statistiques pour se former à la menuiserie. Il veut devenir éditeur de pièces de mobilier. Pour ça, il en est convaincu : il doit parler le même langage que les designers qu’il souhaite solliciter. D’où son apprentissage, sur le tas et sur le tard, pour manier ciseau à bois, rabot, gouge, racloir… Mais aussi pour toucher le bois, apprivoiser la matière, mieux la connaître. Cruso voit le jour au milieu des années 2010. Pourquoi le nom de « Cruso » ? « Parce que la menuiserie rachetée par mon père s’appelle Vendredi. » Aucun doute : Daniel Defoe a dû marquer les années collège du jeune Stévenart…Collection June / July, par Jean-François D'Or.

Des pièces de mobilier à histoires

Le développement durable, il y est sensible. « Depuis toujours », souligne Olivier Stévenart. Dans cet engagement, il ne se contente pas de jouer au livreur. « Tous nos prototypes sont réalisés en Belgique, le bois vient d’Europe, les matériaux sont tracés, toutes nos pièces de mobilier sont produites en Europe et on prend soin d’éliminer le plastique ou tout autre matière recomposée. On veut du brut », explique-t-il. Quant au choix des designers, l’éditeur fonctionne au « coup de cœur ». Sa première collaboration ? « C’était en 2014 avec Jean-François D’Or, qui venait d’être élu designer de l’année en Belgique. » Olivier Stévenart lui confie alors une collection baptisée June / July, composée d’une table, de plateaux et d’un banc. Puis les designers Benoît Deneufbourg, Julien Renault, Keiji Takeuchi ou encore le trio de Big-Game sont venus rejoindre l’aventure Cruso. L’idée : « Créer des pièces de mobilier à histoires, depuis la rencontre avec le designer jusqu’à ce que l’objet soit réalisé, en passant par le choix des matériaux utilisés. » Quant aux collections, elles restent au catalogue. Une nouvelle ne chasse pas les autres. Au contraire. Tout se répond, correspond, telles des suites logiques.

Collection Notes, par Julien Renault.

Une première lampe et un premier canapé en 2021

Ce que la crise sanitaire a changé ? Pas grand-chose pour Olivier Stévenart, associé à Lionel Slusny depuis 2018. Si ce n’est qu’ils ont profité du confinement pour préparer une tournée des magasins de mobilier du Grand Est de la France. « Ça a plutôt bien marché », reconnaît le fondateur de Cruso, qui préfère travailler avec des revendeurs et des architectes plutôt que de multiplier les showrooms ou gérer du e-commerce. Après Paris Design Week, Cruso sera à Maison & Objet, à Villepinte, en janvier 2021. 2021 : année où Cruso va présenter sa première lampe et son premier canapé. Signe que la petite marque est en train de monter.

*Café Intramuros : 5 rue Saint-Merri, Paris 4e / de 11h-19h