Le SMS est arrivé fin juin. Il disait ça : « Pourquoi ne viendrais-tu pas passer quelques jours dans notre nord Finistère au mois d’août ? » Une invitation au voyage. C’était en pleine sortie de confinement. C’était avant la canicule. Réponse : « Je vais venir avec grand plaisir… » Sans savoir vraiment où, ni qui serait exactement sur place. Mais s’il n’y a pas un peu d’aventure, d’inédit et d’inconnu dans trois jours de vacances, ça ne vaut pas forcément le coup d’aller se faire voir ailleurs.

Ici, on divise tout par deux : des températures jusqu’au prix de la galette « complète »…

Paris-Brest du 10 août. Bondé au départ, à moitié vidé après Rennes. Arrivée dans la ville de la tour Tanguy à 13h25. Trois quarts d’heure plus tard : bienvenue à Plouguerneau. Ici, c’est le Finistère pour les uns, une certaine idée de la « fin de la terre » pour d’autres. Ici, on divise tout par deux : des températures – 40 degrés à Paris, 20 à Kélerdut – jusqu’au prix de la galette « complète ». Ici, on ne fait jamais la gueule quand la brume met une matinée à se déchirer : ça fait partie du décor. Ici, on lit Le Télégramme : BFM TV ? Connaît pas. Pas besoin. Ici, on ne regarde pas sa montre : c’est la fermeture des commerces « entre midi et deux » qui scinde la journée. Quant aux passages du boulanger ambulant à la demande, il rythme la semaine. Une autre notion du temps. De l’espace aussi :  la bagnole, on évite - surtout avec un « 75 » au cul -, on lui préfère de loin la marche sur des sentiers côtiers bordés de chardons.

La pluie est de la « party »…

Et le soir ? D’habitude c’est la « teuf » au village, avec foire aux moules et phares en fête. Mais, cette année, on fait petit couvert. Covid oblige. Une guirlande lumineuse dans une véranda et c’est déjà le début d’une chaude ambiance… même si la pluie est de la « party ». Mais faut déjà repartir. Monter dans le Brest-Paris. Celui de 17h13. Celui qui ramène en moins de quatre heures chrono dans une capitale masquée, surchauffée, qui étouffe, oppresse, stresse à peine le pied posé sur le quai de Montparnasse. C’est à ce moment précis qu’on pense à la brume, aux chardons, aux marées, au goût du sel, au pull-over qu’on n’a pas quitté, au bonnet enfoncé sur la tête et à l’auteur du SMS de juin auquel je dis, ici, « merci ».