Les bureaux de poste se transforment. Boulevard du Montparnasse, à l’angle de la rue Campagne Première, le pâté de maisons est éventré. Des appartements de luxe remplaceront bientôt les guichets d’hier. Scénario très proche rue Jean Richepin, à deux pas de la mairie du XVIe. A la place du centre de tri postal, c’est le chantier. Façade flinguée, grue, cinq étages mis à nu, cage d’escalier provisoire… Ici, le groupe Evok Hôtels Collection a sollicité Philippe Starck pour tout casser, tout revoir, tout réinventer et métamorphoser la bâtisse d’origine en hôtel d’une soixantaine de chambres, avec club de sport, piscine de 25 mètres, potager sur le toit, pâtisserie accessible depuis la rue… Fin des travaux ? Pas avant le printemps 2018.

Bretelles, accordéon, purée « maison » et fille vêtue d’astrakan

En attendant, hier soir, au premier niveau du chantier, sur une immense dalle de béton, ça saucissonnait, ça chantait, ça guinchait sur des airs de java et de Paris d’autrefois. Bretelles, accordéon et nappes à carreaux au menu. Mais aussi talons aiguilles et semelles rouges pour certaines, qui pensaient peut-être arriver déjà dans un hôtel moquetté, éclairé, climatisé. Il n’en était rien. Pour grimper dans les étages, le port du casque était obligatoire. Et pour savourer crevettes grillées ou saumon à la plancha, soit c’était debout, soit assis sur un banc ou une poutre. Les invités ? Que des happy few. Pas de blogueurs à l’horizon. Et pour cause : les portables étaient confisqués à l’entrée. C’était le seul objet à laisser au vestiaire, pour pouvoir faire partie de cette « béton party ». Joli coup de com’. Une fête sans selfie, ni photo sur Instagram. Le luxe, c’est aussi ça : savoir déconnecter ses invités, à deux pas d’un métro. Personne n’a bronché. Tout le monde s’est laissé faire. Pas le choix si on voulait approcher du bar, de la purée « maison », de la mousse au chocolat, de cette fille vêtue d’astrakan, de cette fausse blonde perchée sur des échasses, de cette brindille à frange, de cette créature déjà parée d’une fourrure en cette fin d’été.