Il lui manque entre 20 et 25 millions d’euros. Mais Christophe Sauvage sait être patient. A la tête du groupe Elegancia Hotels, il a pris le temps de gravir les échelons. « Mon premier job dans l’hôtellerie, c’était au début des années 1980 : j’étais réceptionniste au Concorde Saint-Lazare. » Ensuite, les rencontres, les coups de chance, les opportunités l’ont hissé jusqu’à la direction commerciale de la chaîne Pullman International, puis permis de « couvrir l’Europe » pour le groupe Accor. En 1995, changement de cap, changement de vie : il devient entrepreneur. Un pari pour ce trentenaire, alors père de deux enfants. « J’ai voulu me lancer, pour échapper au plafond de verre. » Avec son complice Philippe Vaurs, ils ont d’abord créé une centrale de réservation, une chaîne volontaire, puis investi dans l’achat d’hôtels « pour nous constituer un petit matelas, car nous avons démarré sans fonds propres ». Mais une partie des gains va fondre dans un projet avorté de plateforme sur le Web. Qu’à cela ne tienne. Au bout de deux ans et demi, Sauvage et Vaurs reviennent au « modèle à l’ancienne ». L’hôtellerie de papa, un grain de folie en plus. C’est comme ça qu’ils ouvrent les hôtels Five et Seven, dans le Ve arrondissement de Paris : deux ovni dans l’hôtellerie, lorsqu’ils voient le jour au milieu des années 2000. C’est le début du groupe Elegancia, qui compte désormais des adresses aussi singulières que les hôtels Bob, Snob, La Comtesse, Louison ou encore le Off, hôtel posé sur la Seine à deux pas de la gare d’Austerlitz.

« On pense tout de suite aux Bronzés ! »

Ce qui pousse, aujourd’hui, Christophe Sauvage à chercher une vingtaine de millions ? La (sur)vie de châteaux… pour sauver le patrimoine français. Non, il ne vient pas jouer dans la cour de Stéphane Bern. Son idée : transformer quelques châteaux en « destinations » dédiées à l’art et l’art de vivre. Pas question, ici, de chambres d’hôtes. Mais plutôt de créer « un club de personnes intéressées par l’idée de vivre dans un château à certains moments de l’année ». Autrement dit, du « timeshare » dans des lieux historiques, aux hauteurs sous plafond démesurées et cheminées XXL. Mais si le mot « timeshare » fait partie du vocabulaire courant chez les Anglo-saxons, en France, il a mauvaise presse : « On pense tout de suite aux Bronzés ! » Alors le projet de Christophe Sauvage s’intitule plutôt : Châteaux Lifestyle. Un nom, un concept et un objectif : apporter une solution « saine et durable » à la sauvegarde de somptueuses bâtisses et de leur patrimoine architectural, culturel, historique. « Nous avons déjà visité quelque 80 châteaux, consulté des architectes et un leveur de fonds est sur le coup. »