Confessions de confinés # 6

Ils sont écrivains, musiciens, designers ou photographes. Ces « enfermés bien inspirés » parlent de leur confinement. Confessions en 3 questions, illustrées en 1 image.

 

Germain Bourré, designer :  « Faire mieux avec moins au service du vivant »

 

Toujours inspiré par temps de confinement ?

G.B. : Oui, toujours. La temporalité est certes un peu différente, mais je cultive depuis toujours ces temps de retrait hors des rythmes imposés au service d’une croissance hors sol imposée. C’est le temps de reprendre la lecture « du bon usage de la lenteur » de Pierre Sansot qui n’est jamais trop loin… Je réunis toute mon énergie pour poursuivre mon travail engagé depuis longtemps au service du vivant. Cette période en donne un écho tout particulier, elle permet à chacun de réinterroger son rythme biologique, de le mettre en résonnance avec les éléments qui nous permettent de mieux nous ancrer. Les travaux de recherche sur l’énergie comme outil de relecture et de création, que je mène avec le studio, trouvent un laboratoire et une audience toute particulière.

La dernière image postée sur les réseaux dits « sociaux » ?

G.B. : C’est une photographie d’une des tables du dernier banquet scientifique, « Terres en commun », que nous avons réalisé avec les étudiants du master en Design & Culinaire de l’ESAD de Reims. Nous avons mené une réflexion sur les terres et les ressources qu’elles nous proposent et imposent de respecter avec humilité. L’étape qu’illustre cette photo et celle du « commun versus partage » : chaque protagoniste était convié à rapprocher les parcelles de terre comestible recouvertes de végétal, tout en réinterrogeant la pertinence du partage, qui a tendance à faire oublier l’importance du regard global sur nos ressources. La mise en commun répond à nos besoins redéfinis tout en pariant sur une dynamique collégiale que la nature sait nous enseigner.

La priorité, une fois déconfiné ?

G.B. : Des grands repas avec mes amis, ma famille et se nourrir de nos énergies respectives. Mais aussi poursuivre avec encore plus de conviction mes recherches, mon enseignement vers un design qui réinterroge la notion de croissance. Faire mieux avec moins au service du vivant.