Elle a fait partie de ces premières stylistes qui ont compté à Paris. « A l’époque, se souvient Nelly Guyot, on faisait de tout : de la mode, du culinaire, de la déco… » Après une prépa pour intégrer les « arts déco », elle a travaillé tout de suite. Pas le temps de s’attarder sur les bancs d’une fac ou d’une école. L’expérience d’abord. Et dans le stylisme, ce qui fait avant tout la différence, c’est l’œil, l’instinct, l’idée, l’audace. Des qualités que Nelly Guyot a développé en travaillant avec le gratin de la photo : Helmut Newton, Daniel Jouanneau, Jeanloup Sieff, Jean Larivère… C’est d’ailleurs lors d’un shooting chez Larivière que j’ai croisé la styliste pour la première fois. C’était en 2007 pour un hors-série « luxe » de Psychologies magazine, managé alors par Marie-Paule Pellé. L’idée était d’illustrer le thème de la danse et le sens de la fête au sein de la maison Hermès : les deux directeurs artistiques du moment – Pascale Mussard et son cousin Pierre-Alexis Dumas – étaient rentrés dans un même tutu, baguette magique à la main pour elle et haut de forme avec un (vrai) lapin blanc à l’intérieur, pour lui. Mémorable.

Hermès, pelle à gâteau et Stromboli

Aujourd’hui, Nelly Guyot a mis un terme à sa carrière de styliste, qu’elle a essentiellement réalisée dans le secteur de la déco. Car le métier a évolué, les contraintes se sont multipliées, les marges de manœuvres ont été gommées. Dans ces conditions, difficile pour un esprit libre de continuer à créer, inventer, s’amuser. Les bijoux ? « J’y pensais depuis une quinzaine d’années déjà », confie-t-elle. Mais, entretemps, elle a notamment travaillé pour petit h, le laboratoire créatif de la maison Hermès. Un labo basé à Pantin, où l’on offre une seconde vie aux « attachantes pièces détachées » que sont les matières et objets récupérés dans les ateliers. L’une des réalisations de Nelly Guyot : « Un petit sac du soir, dont le couvercle était une pelle à glace en argent massif ». Une pièce en version très originale, qui a par la suite donné naissance au modèle Stromboli chez Hermès.

Sautoirs, manchettes, bagues, Palais Royal et amitiés fidèles

Dès la fin des années 2000, Nelly Guyot a donc commencé à dessiner quelques bijoux. La maison Odiot devait même travailler avec elle. Mais un changement de directoire a remisé ce projet au fond d’un tiroir. C’est en 2017 qu’elle reprend ses croquis, achète des pierres – cristal de roche, agate, améthyste, jade… - et sollicite un joaillier parisien pour fabriquer une série d’une trentaine de colliers, sautoirs, manchettes, bagues, boucles d’oreilles. Des pièces uniques à l’instar des pierres travaillées, exposées jusqu’au 7 avril dans une boutique éphémère située 15 galerie de Montpensier, au cœur du jardin du Palais Royal. Un lieu sur mesure pour la créatrice qui, voilà encore un mois, était à deux doigts de renoncer à cette expo « faute de galerie pour m’accueillir ». Mais c’était sans compter sur les amitiés fidèles, telle que celle de Jean Larivière : le photographe a passé un coup de fil et le « 15 Montpensier » s’est ouvert à Nelly Guyot. « Pour moi, c’est une deuxième vie professionnelle qui démarre. C’est comme une nouvelle aventure. Hier, une amie m’a demandé si j’étais fière de moi. Non, je ne suis pas fière, je suis heureuse. »

Aller voir pour savoir : Nelly Guyot Jewels