« J’aime ma banque ». Tel est le slogan de la société Fortuneo. Dans sa dernière campagne de pub télé, la relation quasi idyllique qu’un type -40 ans, super propre sur lui, barbe naissante- entretient avec sa banque s’apparente à une relation amoureuse : « Elle m’a donné envie de m’engager ». « On est tellement bien ensemble »… Drôle ou cynique ? Décalé ou caustique ? Et si en fait Fortuneo ne faisait que calquer, copier-coller ce qui en motive plus d’un : l’appât du gain. Moteur pour les uns. Obsession pour d’autres. Le double sens des phrases du spot, imaginé par l’agence J., n’est peut-être qu’à prendre au premier degré. L’argent motive une certaine population active. Celle-ci accepte d’aller bosser sans passion à condition de se remplir les poches. Rien de nouveau. Des profils comme ça, on en connaît tous. On en croise tous les jours. Normal donc si la pub s’y intéresse. Surtout en temps de crise. A l’heure où d’aucuns se demandent s’ils pourront partir en vacances cet été. Ici, on vise, on cible des hommes, des femmes, prêts à tout pour grimper, gagner, dépenser, frimer. Une façon d’exister. Assurer. Se rassurer. Caricatures ou impostures ? Et la poésie dans tout ça ? Léo Ferré a échoué dans une pub pour les sardines Connétable. Et quelques vers de Prévert ont droit de cité au-dessus de certains strapontins du métro : à lire entre deux stations, deux attaché-cases, deux paires de Louboutin, deux têtes penchées sur leur smartphone. Bienvenue sur la ligne 1 du métro parisien : direction La Défense, le pays de ceux qui aiment leur banque ?