Hier, 12h30, dans un wagon de la ligne 12 du métro parisien, entre Concorde et Madeleine : une nana s’assoit sur un strapontin. Elle sort un paquet de fringues, encore étiquetées, d’un sac H&M. Jette le sac plastique par terre. Et met les vêtements dans un plus bel emballage en carton glacé, griffé Gucci. Exercice inattendu. Mené en deux temps, trois mouvements. Personne n’a regardé. Ni vu, ni connu. En descendant deux stations après, la fille est partie faire illusion dans son quartier. Elle chope en vrai chez H&M, mais s’échappe en faux de chez Gucci. Elle dépense 20 euros, mais rêve d’en claquer 20 000…
Autre histoire, six heures plus tard : boulevard Raspail, à la hauteur du carrefour Vavin, un couple d’Américains m’interpelle. « Savez-vous où nous pouvons trouver une librairie ? » Ben, en voilà une question ! Les « Ricains » perdus dans Paris ne sont pas au courant ? Désormais, rive gauche, les bouquins se cachent (pour mourir ?). A la Fnac, entre un aspiro et un robot. Chez Gibert, derrière les trousses, les stylos, les cahiers hors de prix et les vraies-fausses occases. A La Hune, entre les Moleskine et le skaï des filles par là, par hasard… Je reconnais que j’ai eu une minute de réflexion : aujourd’hui, où peut-on acheter des bouquins à Vavin ? Le blanc. Le trou noir. Finalement, j’ai répondu aux touristes qu’il suffisait de descendre tout le boulevard, sans changer de trottoir, et qu’ils allaient tomber sur la librairie Gallimard. « C’est loin ? » « Un petit quart d’heure à pied ». Dingue qu’en plein Montparnasse, on ne trouve plus une librairie digne de ce nom. Epoque formidable ?