Parlons « métha » au Mono

Je ne sais plus qui m’a dit un jour : « quand je m’ennuie dans la queue d’une caisse de supermarché, je regarde ce qu’il y a dans le Caddie des gens ». C’est une occupation que je pratique de temps en temps : époque formid’. Je viens de le faire. Avec le Caddie d’un futur taulard. Il racontait, en effet, à son accompagnateur qu’il allait se retrouver très bientôt en prison, sans doute à Nantes, pour avoir dealé de la dope. Dope qu’il consommait de surcroît : son bras, tatoué et mutilé, aurait volontiers inspiré Otto Preminger pour une suite de son film The Man with the golden arm... Autre info : il est « sous métha » (méthadone) et il flippe « pour la prison » : « je vais me faire bastonner. Ils vont me casser la gueule pour me faucher ma métha. A Nantes, y a des durs… » Toute cette confession entre les paquets de chewing-gums et les magazines télé vendus aux abords de l’une des caisses du Mono d’Angers. Un brin surnaturel. Surtout lorsque le futur détenu a sorti de sa poche des dizaines de pièces de monnaie pour payer un pain sous cellophane et un saucisson sous plastique lui aussi : des pièces qu’il a récupérées « en faisant la manche », a-t-il précisé à son copain. Plein feu sur le quart monde. En plein centre ville. Car pour ce petit délinquant, pas de caution d’un million de dollars, ni de maison de luxe à TriBeCa et encore moins l’avocat de Michael Jackson pour le défendre. Lui, son avenir proche, c’est une cellule de 11 m2 à partager à trois, un avocat commis d’office et des parloirs au compte-goutte.