De Céline à Dassault

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Voilà un an, il jouait le personnage de Céline sur les planches du théâtre angevin Le Quai, dans le cadre du festival Premiers Plans. Le 17 janvier prochain, il sera Marcel Dassault à 20h50 sur Arte. Parce que Denis Lavant aime les métamorphoses, les changements de déco, de décor, de tenues, de pardessus. Il a donc troqué les superpositions de guenilles du Dr Destouches pour les  manteaux en cachemire de celui qui, gamin, rêvait de dessiner des « machines volantes »... Faire le caméléon, il adore : le rôle de Dassault lui a d’ailleurs été proposé peu de temps après la sortie du film de Leos Carax, Holy Motors, dans lequel déjà il interprétait toute une palette de personnages. Au départ, se mettre dans la peau de Dassault, il ne s’y voyait pas trop : ça lui a même paru « grotesque ». « Mais j’ai lu le scénario, confie-t-il à Arte, et j’ai été séduit. Ce qui m’intéresse c’est de jouer les grands passionnés, les monstres, les personnages extrêmes. Dassault est d’autant plus intrigant qu’il a hérité d’un cliché, celui d’un gros industriel forcément louche, établi dans une posture paternaliste, distribuant des pourboires inconsidérés, patron de Jours de France... Ce qui m’intéressait c’était de raconter l’itinéraire qui l’a mené jusque là. Il n’était pas d’une seule pièce. Même si à la fin de sa vie il est devenu sa propre caricature, il était engagé dans une pensée. Je l’ai abordé de la même manière que le personnage de Louis-Ferdinand Céline au théâtre, et j’y ai pris le même plaisir ». Lavant ne fait pas parti de ceux qui piquent tous les tics des autres -époque formid’-. Le mimétisme, très peu pour lui. Pour jouer Dassault, il a cherché « les gestes qui comptaient » : « le premier qui m’a sauté aux yeux, c’est le dessin : c’est son premier plaisir, c’est ce qu’il a fait toute sa vie. Je me suis donc mis à dessiner des avions. Même si je ne sais pas le faire, je me suis appliqué à ça. Ça a été mon point d’ancrage pour entrer dans le personnage ». A découvrir la semaine prochaine dans le téléfilm Marcel Dassault, l’homme au pardessus, signé Olivier Guignard.