Presse dépressive et dépréciée

« Visa pour l’image » a vingt-trois ans. Près d’un quart de siècle que son fondateur, Jean-François Leroy, défend le photojournalisme. Lors de l’édition 2011, qui vient d’avoir lieu à Perpignan, Leroy « s’est surpassé », rapporte le site www.paris-art.com . De quelle façon ? « En fustigeant la presse de merde, accusée de délivrer une information de merde ». Audace ou provocation ? Les deux, sans doute. Audace, car c’est vrai que le traitement de l’info se fait de moins en moins en direct du terrain et de plus en plus souvent par téléphone, via Google ou en repompant un dossier de presse. Et je ne parle pas des débats télévisés dépourvus de toute spontanéité, à l’instar du face-à-face Chazal-DSK d’hier soir. Mais provoc’ aussi, car « l’info de merde » ne l’est pas toujours à cause du journaliste : on la doit parfois également à l’influence d'annonceurs, de politiques... Vieux schéma. Vieux débat. Il n’empêche que la presse irait mieux si l’on reprenait le temps d’aller interviewer ses interlocuteurs de visu et non plus de son smartphone, entre deux portes, deux rendez-vous, la poire et le fromage... Autre aberration de notre époque médiatiquement formidable : mardi dernier, à l’accueil de Libé’, on n’avait pas de monnaie à me rendre lorsque je suis venue acheter deux anciens numéros. Le réceptionniste a voulu m’offrir les journaux. J’ai refusé : « Il y a suffisamment de journaux gratuits dans le métro. Je vais aller prendre un café, faire de la monnaie et revenir vous payer ». Le type m’a regardée, interloqué. Pour lui, j’étais E.T, avec une queue de cheval et des lunettes. Pourtant ce n’est pas sorcier de comprendre que l’info dénichée, vérifiée, validée et créditée a un coût. Et donc un prix.