Ciné ressuscité

Après avoir vu le drugstore Saint Germain et les PUF métamorphosés en parking à portes manteaux, la librairie Le Divan transformée en annexe de l’avenue Montaigne et mon école de journalisme devenir un resto, j’ai cru un moment que les échafaudages devant le Racine Odéon annonçaient la fermeture de ce ciné du quartier latin. Erreur. La salle a non seulement été préservée, mais surtout restaurée par matali crasset. Le design fait donc son entrée dans une salle obscure de la rive gauche parisienne. L’idée est intéressante. La démarche aussi. Et le résultat tout autant. Même si l’arrivée de couleurs acidulées tranche radicalement avec la version originale. Il fallait oser. matali crasset l'a fait. Ajoutons à cela qu’un avant et un après la projo s’organisent désormais autour d’un espace dédié à la dégustation : tartes, salades et verrines bio sont au menu. De la bouffe pour bobo au cinoche ? Suis pas si fan. Mais je préfère encore ça au pop corn et au bruit des papiers de bonbecs en plein milieu du film. Autre nouveauté : les sièges sont numérotés. Du coup, on peut réserver sa place en ligne. Pas mal. Même si j’ai la nostalgie des ouvreuses et des tickets qu’elles déchiraient en attendant une pièce qu’on n’avait, bien sûr, jamais dans sa poche. Au fait, le Racine Odéon ressuscité a également été rebaptisé. Il s’appelle Nouvel Odéon (www.nouvelodeon.com). Parce qu’il a vraiment changé de bouille, ce ciné. Le son est désormais digital et l’écran flambant neuf affiche des mensurations de rêve : 7m40 de base sur 3m de haut. Epoque formidable.

© Jérôme Spriet