Un sourire qui en dit long

Hier, j’ai pris le parti de sourire partout où je suis passée : dans le métro, au bistrot, au Mono, chez le boulanger… Résultat des courses : on m’a regardée comme si je sortais de Sainte Anne, comme si j’avais dévalisé le revendeur d’ecsta du coin, comme si je venais de larguer un amant encombrant, comme si j’avais osé claquer la porte de mon boss, comme si j’avais gagné au Loto... Sourire serait-il désormais indécent ? Dérangeant ? Provocant ? Suspect ? J’ai souri aussi à un vieux-beau un brin bobo qui comblait un petit creux, entre les stations Pyramides et Le Peletier, en se gavant de crocodiles Haribo : époque formidable. Il a eu peur. Et pourtant, non, je n’allais pas lui piquer ses bonbecs. Je ne mange pas de crocos. Je les préfère dans les zoos.