Le dernier Besson

Il y a des auteurs comme ça. Quand on parle du livre qu’ils viennent de publier, on ne dit pas : « Tu as lu Les jours intimes ? ». Mais plutôt : « Tu as lu le dernier Besson ? » Là, deux cas de figure : ceux qui font mine de s’intéresser à la question. Et ceux qui demandent : « quel Besson ? » Réponse : Patrick. Son nouveau bouquin sortira en librairie en septembre. Mais son éditrice, Constance de Bartillat, me l’a offert en avant-première. Au détour d’une rencontre. Par hasard. Rue Crébillon, à Paris, où j’ai souvent trainé lorsqu’il y avait encore une brûlerie de café. Le bouquin de Besson ne fait que 140 pages. « Un livre pour paresseux », comme dit Roland Jaccard. Je ne sais jamais qui il vise en soutenant cela : l’auteur ou le lecteur ? A mon avis, les deux. Bon alors, il est comment le dernier Besson ? Drôlement bien. C’est-à-dire : drôle et bien. Drôle, quand l’auteur aide son fils à écrire une rédaction et qu’il se chope une sale note. Alors que lorsque l’ado rédige en solo, il décroche 19/20. Drôle aussi quand il démontre comment on passe de Lolita Pille à Nietzsche et de Florian Zeller à Tennis de France. Et bien ? Bien avec cette quatrième de couverture qui résume tout l’esprit de ces Jours intimes : « Tous nous sommes le résultat d’une nuit ou d’une après-midi d’amour, ce qui devrait nous mettre de bonne humeur en permanence. Et pourtant non ». J’ai eu l’occasion de croiser la route de Besson à deux reprises : pour les besoins d’un livre sur les médecins, paru chez Plon ; puis, deux ou trois ans plus tard, lors d’un voyage de presse en Syrie. Nous avions alors échangé deux ou trois mots, avant de monter à bord d’un autocar. De retour à Paris, mon rédac’ chef m’avait convoquée dans son bureau : « Anne, y’a Besson qui parle de toi dans Le Point ». Il évoquait, en effet, une escapade en Syrie et « une fille brune, grande, à lunettes » avec laquelle il aurait bien discuté plus longtemps. J’ai raté un truc : défaire et refaire le monde avec Besson dans un autocar syrien. Entre Mireille Darc (j’aurais préféré Daniel) et Jean-Pierre Foucault (j’aurais préféré Michel), qui faisaient, eux aussi, partie de l’expédition. Epoque formidable.