Il s’appelle Atanase Périfan. Hier, vers 14 heures, sur un quai de la gare Montparnasse, il disait bonjour à tout le monde. « Prenez des bonbons à partager avec votre voisin de train », proposait-il. Comme si on avait tous envie de tenir le crachoir de son voisin, une fois à bord. Prendre le train, n’est-ce pas l’un des derniers endroits où l’on peut avoir la paix ? Où l’on peut bouquiner, rêver, dormir, lire… Pour Atanase Périfan, le train c’est l’occasion de parler, faire des rencontres, échanger et même « faire des activités créatives », a annoncé -un peu avant Le Mans- la serveuse du wagon-bar. Mais, au fait, c’est qui Atanase Périfan ? « Je suis le fondateur des Voisins Solidaires, l’association à l’origine de La Fête des Voisins ». Il m’a annoncé ça avec fierté, alors que je venais de décliner ses bonbecs. « Venez me rejoindre au bar, m’a-t-il dit. Je vous offrirai… » « Un scotch ? » « …euh, non, un café ». Pas si drôle que ça l’Atanase. Je ne l’ai pas suivi au bar. Mais la pléiade de confrères journalistes qui accompagnaient les huiles de la SNCF menées par Atanase, si. Jacques a dit « suivez Atanase » et les journalistes ont obéi pour proposer à leur rédac’ chef un sujet « marronnier » à la con, sensé illustrer les départs en vacances et ce que la SNCF met en œuvre pour faire la fête avant le réveillon. Mais est-ce vraiment ça qu’on attend de la SNCF ? A-t-on envie que le wagon-bar d’un TGV se transforme en atelier de macramé ou en Club Med improvisé ? « On ne peut plus rentrer dans le wagon-bar », a raconté un voyageur qui venait de tenter de s’acheter une bouteille d’eau. « Normal, les voisins font la fête ! » « Ben, ils auraient quand même pu me filer une bouteille de flotte ! » Fallait demander à Atanase ! Atanase qui m’a laissé sa carte de visite, que j’ai laissée sur mon siège en quittant le TGV. Parce qu’il avait beau prendre un train en direction du grand Ouest, il n’a pas perdu le Nord le roi des voisins. Quand je lui ai dit qu’il devait faire gaffe à son baratin, « car je suis journaliste », ni une ni deux, il a dégainé sa carte, comme Lucky Luke son flingue. Epoque formidable.