La fin d’après-midi s’annonçait plutôt bien. Car c’était jour de fête chez Hermès. La maison du 24 Faubourg présentait ses objets automne-hiver 2017 dans les locaux de l’école Penninghen, rue du Dragon. « Une école où Matisse, Duchamp et même Rauschenberg sont passés… Il est possible que nous soyons assis sur leur tabouret ! » Ambiance créative, récréative, à l’heure du thé, jus de rhubarbe, financiers et parts de gâteau au chocolat, servis dans une salle de cours. Quelques étudiants étaient présents. A commencer par ceux qui ont participé au concours du meilleur dossier de presse. Les « 5e année » étaient, en effet, invités à imaginer le dossier remis aux journalistes, à l’issue de la présentation. Un partenariat pédagogique Penninghen-Hermès, qui a récompensé Vérène de Hutten pour son travail très original, avec gros carreaux, fiches perforées, anneaux, intercalaire vert cru et compositions graphiques sur mesure pour mettre en scène souliers, foulards, bijoux, sacs, selles…

Cuir noir, soft porn, Grease et Madonna

Puis, changement de décor, place Furstenberg, pour le vernissage de l’expo photo « Lost control » de Stéfanie Renoma. Jusqu’au 28 mai, les murs de la galerie ArtCube sont recouverts de grands formats qui transpirent les années 1980. Cuir noir, rouge à lèvres outrancier, veste en python, patins à roulettes, patins roulés, soft porn… on se croit subitement projeté quelque part entre les coulisses d’un shooting de Guy Bourdin, une annexe du Palace et une soirée Californication. Pendant le vernissage, on naviguait - sans pass Navigo - entre coupes de champagne, jolies filles, curiosité en veste pailletée, gays en goguette, enRayBannés de 70 piges, robes longues ou ras-le-bonbon… Le clou du show ? L’after chez Castel. Là, on a eu droit à tout le répertoire des années Grease et Madonna, avec une pléiade de vintages sur la piste du sous-sol, un sosie de Bill Gates qui s’est pris un râteau par une blonde venue de l’Est qui lui a préféré un Afro aux fesses moulées dans son futal. On s’est barrés quand l’open bar a fermé. La fête était terminée.

Fusillade, France Info, piste noire et nuit blanche

Une fois dehors, c’est là que ça s’est gâté. Car subitement on sortait d’un voyage dans le temps, une virée quelque quarante ans en arrière et, soudain, retour brutal à la réalité. « Y’a eu une fusillade sur les Champs-Elysées… » Il fallait se douter que quelque chose ne tournait plus rond. Les bus étaient déviés, les abris bus bondés, les RER incertains à Saint-Michel. Les gens marchaient vite… Dans le bus, un type avait l’oreille collée à son iPhone calé sur France Info. « Un homme est mort… Oui, madame, les Champs-Elysées sont bouclés… » Ça, c’était au sol. Alors qu’au sous-sol de la rue Princesse, on devait encore se trémousser sur la piste noire en prévision d’une nuit blanche.