Un quart de finale avec la France, il fallait fuir. Sortir de Paris. S’en éloigner. Non pas pour bouder le foot, mais pour voir ce qu’est une fan zone au-delà du périph’. Direction, la campagne. « Là où il y a des gens vrais », selon Arnaud Fleurent-Didier, manifestement un brin déçus par certains urbains. 1 Epok s’est donc délocalisée à Bouliac, le « balcon de Bordeaux », à trois heures de TGV (et quinze minutes de taxi) de Montparnasse. Bouliac : 3 000 habitants, une église romane, un bureau de poste, un coiffeur, une boulangerie, l’hôtel Saint James, son Café de l’Espérance et son Vin du Jardin.

Campari soda, starting-blocks et Prada

A l’heure des pistaches et du Campari-soda sur la terrasse de l’hôtel imaginé par Jean Nouvel, les équipes étaient en route pour les vestiaires du Stade de France. Les commentateurs, dans les starting-blocks. Mais RAS à Bouliac. Pas d’écran géant sur la place du village. Pas de télé allumée au Saint James. Juste les bruits lointains de Bordeaux et les oiseaux. « Elle est où, la fan zone ? » Rires des réceptionnistes en guise de réponse à cette question aussi incongrue que celle d’une journaliste fraîchement débarquée à Panarea : « c’est où… Prada ? »

ST JAMES 2Funky Town, rues désertes et paquet de clopes

H-1 sous la pergola du Café de l’Espérance. Tapenade, poulet-frites « maison », Vin du Jardin et rien en provenance de Saint-Denis. Juste un fond de musique des années 1980, dont le Funky Town de Lipps Inc… Le coup d’envoi vient d’être donné. Sourires de la serveuse, directeur de salle aux petits soins et clients attentifs au contenu de leurs assiettes. 21h20 (environ) : les rues de Bouliac sont désertées. Silencieuses. Une bouteille d’eau et un paquet de clopes ont été oubliés sur un banc, devant la boulangerie. Soudain, quelques cris s’échappent d’une maison. On a dû marquer…

ST JAMES FAN ZONECafé, Harley et honneur sauvé…

De retour au Saint James, on en était déjà à 4-0 pour les Bleus. Le temps d’un café devant l’écran de télé de la suite Harley Davidson - parce qu’une moto de la marque est garée à côté du lit… - et l’Islande a sauvé l’honneur. On est resté perplexe face au 5-2 final. Car, dès ce soir, 1 Epok retrouve ses quartiers parisiens. Cette semaine, on sera de nouveau confronté aux fan zones, drapeaux tricolores, bistrots bondés, supporters excités et peinturlurés. Même en grignotant des cannelés arrosés de Vin du Jardin, on aura du mal à dupliquer le Café de l’Espérance au Fétiche (métro Michel-Ange-Auteuil) ou au Val Royal (RER Port Royal).