3-MONTAGE ST LOUISDans la tête de Descott / épisode 3

Jusque dans les années 1960, les carabins s’y rendaient dans le cadre de leurs cours de dermato. Mais aussi pour se donner quelques frissons. D’aucuns le surnommaient même le « musée des horreurs ». Situé dans l’un des bâtiments de l’hôpital Saint-Louis, dont Henri IV a ordonné la construction pour maintenir les « pestiférés » hors des murs de la capitale, le Musée des moulages abrite quelque 4 000 pièces qui montrent, racontent, représentent toutes les maladies de la peau. Des pathologies reproduites à l’aide de moulages en cire dès 1867 par Jules Baretta, ex fabricant de fruits en carton-pâte dans le 11ème arrondissement de Paris. C’est dans ce musée, au milieu de cette collection de moulages -la plus importante au monde-, que Régis Descott est venu se documenter pour les besoins de son roman Obscura (Le Livre de poche, 2010). ouvrage dont le personnage principal est un médecin des pauvres à la fin du XIXème : « époque où l’une des maladies les pires est la syphilis ».

Des vitrines dignes d’un cabinet de curiosités

« La première fois que je suis entré dans ce musée, j’ai eu un choc. Une émotion forte : sensation primordiale pour la création. Un siècle après, la souffrance liée à ce lieu était palpable. Cette souffrance physique qui fait partie du quotidien du héros d’Obscura ». A l’approche des vitrines du musée, dignes d’un cabinet de curiosités, Descott reconnaît que « certains moulages sont difficiles à soutenir ». Il évoque les visages meurtris, les sexes ravagés. Faire médecine ? « Je n’y ai jamais pensé quand j’étais ado ». Il n’en demeure pas moins qu’il était infirmier chez les paras. Il a même vacciné tous ses enfants, le bon docteur Régis. Mais mister Descott reste distant quand il apprend que le musée est menacé par les infiltrations. Ça suinte des murs et le plafond prend l’eau. Le musée recherche des mécènes pour amorcer une vague de travaux. « C’est triste, c’est vrai. Mais il est normal que les investissements profitent d’abord à la recherche et aux patients hospitalisés. Le musée des horreurs passe après. Et puis tout n’est-il pas amené à disparaître ? » A suivre.

Relire l'épisode 2