Une femme disparaît

l'homme qu'on aimait trop1

Il est comment le dernier Téchiné ? De la même veine que Le lieu du crime. Avec cette étonnante attirance d’une femme pour un homme sans défaut apparent, passe-partout côté face, manipulateur côté pile. Le tout sur fond d’affaire qui a fait la Une de la presse. Comme pour La fille du RER, André Téchiné a puisé dans un faits divers. Ici, la disparition d’Agnès Le Roux (impressionnante Adèle Haenel) un jour de 1977. Son cadavre ne sera jamais retrouvé, en dépit de l’acharnement de sa mère, Renée Le Roux (Catherine Deneuve), patronne du « Palais de la Méditerranée », un casino niçois en plein déclin. Entre ces deux femmes : l’avocat Maurice Agnelet, campé par Guillaume Canet, dont c’est sans doute la meilleure performance à l’écran. La scène ne dure que quelques secondes, mais Canet en costume trois pièces, les pieds nus dans la Méditerranée, en train de lire Gide, c’est bluffant. Agnelet, c’est lui L’homme qu’on aimait trop. Avide de pouvoir, dopé à l’argent, il ne pardonnera jamais à Renée Le Roux de l’avoir humilié en ne lui confiant pas la direction du « Palais ». Jeux, enjeux, passions et perversions, rien ne manque dans ce long métrage mis en musique par Benjamin Biolay. Aller au ciné l’été n’est pas toujours une priorité, mais une exception s’impose dans notre époque si formidable.