De la censure à l’autocensure

Méconnu du grand public et pourtant produit par la Columbia, le film Une femme mariée de Godard était projeté aujourd’hui au Centre de congrès d’Angers. La femme en question, c’est Macha Méril. Elle vit avec un pilote de ligne, dont elle a un enfant, mais s’encanaille avec un acteur… Présenté au festival de Venise en 1964, ce long métrage a été victime de la censure, « notamment pour la scène d’une main posée sur le robinet d’un bidet », a expliqué Macha Méril, présente lors de la projection. Ce qui a conduit Godard à apposer le sous-titre : « suite de fragments d’un film tourné en 1964 ». Près d’un demi-siècle plus tard, plus besoin de censurer quoi que ce soit, puisque les réalisateurs semblent se censurer eux-mêmes. L’actrice a déploré, en effet, le manque de « prises de risques » de la part des jeunes générations : « dans les années 1960, quand un film de Godard –le prophète, le terroriste…- sortait en salles, c’était un événement et des discussions à n’en plus finir à la Cinémathèque, dans les bistrots du boulevard Saint-Michel, à Saint-Germain-des-Prés ». Epoque formidable, mais définitivement révolue. Aujourd’hui, refaire le monde autour d’un café crème au Flore coûte 5,20 euros. Le prix d’une place de ciné… au tarif étudiant.