Rubrique « art de (sur)vivre »

Je viens d’ouvrir un hebdo d’info géné. Comme ça, en prenant un café. Et qu'elle n’est pas ma stupéfaction de voir une consœur présentée comme une journaliste « spécialisée dans l’art de vivre ». Mouais. Je la connais un peu : elle fréquente les Galeries Lafayette aux heures de pointe, aime le café américain, ne se sépare jamais de son sac Goyard –comme ses « it-copines »-, fait la queue chez Hermé -mais pas au ciné-, donne des rendez-vous en terrasse, à la Madeleine, où les bus nous frôlent… en matière d’art de vivre, j’ai vu mieux. Se reconnaîtra-t-elle ? Pas sûre qu’elle daigne se balader sur ce blog. Mais là n’est pas le problème. Le hic, c’est plutôt de confier des sujets, censés donner des pistes à des lecteurs dépourvus d’idées et de goût, à des nanas copiées-collées sur ce lectorat un peu paumé. Un lectorat de suiveurs, d’imitateurs, qui piquent tous les tics des autres. Epoque formidablement absurde, dans laquelle je trouve davantage de savoir vivre au Cercle Rouge angevin que dans les colonnes du magazine où signe cette consœur. Le Cercle quoi ? Le Cercle Rouge. Non ce n’est pas un club privé. Juste un bar à vins, rue des Deux Haies, où le patron, Aurélien Martin –fan de Bourvil et non pas de Melville- se moque des codes, ignorent les modes. Cet ex pion de lycée sert des vins naturels, ne passe que du rock, roule ses cigarettes et, même en (grande) vadrouille en Slovénie ou en Sicile, il prend le temps de discuter et refaire le monde avec les vignerons locaux. Avec lui, l’art de vivre c’est l’art de savoir écouter, échanger et trinquer. A méditer.