J’y étais…

J’y étais au débat organisé par Michel Maffesoli, prof de socio à la Sorbonne, à l’occasion de  la sortie du livre En Patagonie avec Michel Houellebecq (CNRS édition), écrit par le journaliste et universitaire brésilien Jurémir Machado. C’était hier soir à la Fondation d’entreprise Ricard, rue Boissy d’Anglas, à Paris. A peine arrivée, le ton était donné. Un sosie de Mme de Fontenay –sans son chapeau- a étendu son linge. Comprenez qu’elle a posé sa veste, son écharpe et le cardigan de son twin-set gris perle sur trois chaises voisines de la sienne, histoire de garder des places pour ses copines. Des copines qui n’arrivaient pas et des chaises qui sont longtemps restées vides, alors que d’autres personnes étaient contraintes de s’asseoir par terre. Seule au monde cette drôle de dame. « J’attends une intellectuelle qui vient de loin », a-t-elle dit pour justifier son côté squatteur. Profiteur. Imposteur. Puis Michel Houellebecq « himself » est entré en scène. Comme une pop star. Un pop model. Débraillé, mal  coiffé, l’œil fatigué. Face à un public de fans, de femmes, de barbus tout en noir, stéréotypés, clonés, de pseudo-branchés venus pour voir, être vus. Comme ce quinqua qui a poussé la porte de la Fondation Ricard juste après ses emplettes (pour une minette ?) chez Chanel –le sac en carton était posé à ses pieds-. Plus incongru : son portable, insupportable, a sonné en plein débat. Il a répondu : avait-il Tokyo sur la 2 ? Terrifiant. Edifiant. Et Houellebecq au milieu de tout ça en train d’expliquer qu’il préfère souvent la compagnie des animaux à celles des humains. En Patagonie notamment. Mais, hier soir, je pense qu’il aurait de loin préféré un tête à tête avec son chien, quelque part en Irlande, que ce face à face avec ses lecteurs, à deux pas de la Concorde. On comprend mieux pourquoi il a besoin de bouffées d’Eire pure. On comprend aussi pourquoi il a rejoint le jury du prix littéraire de 30 Millions d’Amis. Et si Houellebecq était juste en quête de simplicité, d’authenticité, de dérision, de rires et de sourires ? Ce n’est pas ce qu’il a trouvé hier soir, où il a plutôt été traité comme la curiosité d’un zoo que l’on avait sorti de sa cage. Un singe savant, qui au bout d’une heure ne répondait plus aux questions. Sans doute les jugeait-il absurdes. Se contentant alors de borborygmes et autres « mmmm… ». Ce qui a poussé la vraie-fausse Mme de Fontenay à glisser un petit mot à sa copine intello venue de loin : « Bientôt, il va ronfler ». Pas charitable la lectrice de La Possibilité d’une île –elle est arrivée avec le bouquin sous le bras -. Et époque formidablement hypocrite. Si en sortant de la Fondation Ricard, Houellebecq est allé se faire un 102 –un double pastis 51-, je le comprends. A sa place, j’aurais même opté pour un 204.