L’art de faire la queue

queueOn fait la queue pour tout et partout. Au ciné*, au musée, chez le boulanger, le pâtissier, le poissonnier, devant un food truck -jusqu’à une heure d’attente pour un hamburger, devant le Camion qui fume, à Paris-… On fait aussi une sorte de queue, d’environ trois mois cette fois, chez l’ophtalmo, deux mois chez le dentiste… Alors, ce matin, aux Galeries LaFayette d’Angers, un type un peu paumé au milieu des parfums a refusé d’attendre que la vendeuse-caissière se libère pour le conseiller. Il hésitait entre La Vie est belle et Love in Paris. Pourtant bien positionné dans la queue, il s’est retourné vers la bimbo en doudoune blanche juste derrière lui et lui a demandé : « vous connaissez La Vie est belle ? » Elle : « oui, bien sûr. C’est chez Lancôme. Venez, je vais vous montrer… » Et la nana a joué à la marchande avec le type qui n’était plus paumé du tout. Ça a duré 10 minutes. La nana, futée, avait laissé son panier dans la file d’attente, juste devant moi. Elle est partie à la chasse, mais a retrouvé sa place. Méthode de drague ou pas de la part du type ? En tout cas, la bimbo a fait le boulot de la vendeuse-caissière : les Galeries auraient pu lui offrir un flacon, lui faire une ristourne. Mais non. Elle a payé ses cadeaux plein pot. Drôle d’esprit de Noël dans notre époque si formidable.

* photo ci-dessus, extraite du film Annie Hall de Woody Allen.