Petits fours & grandes virées

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Tout a commencé à quinze minutes de marche de la Mairie de Montreuil -le terminus de la ligne 9-. Le rendez-vous était donné dans une salle aux allures à la fois de MJC et de cafet’ de fac. Le photographe Bruno Comtesse et moi allions au vernissage d’une expo d’art contemporain. Nous pensions nous attarder un peu. Mais le rouge tiré d’un cubi, les gobelets en plastique blanc, les chips sorties du paquet et l’assistance assortie au buffet ont eu raison de nous. Nous n’avons tenu que dix minutes, montre en main. L’expérience nous a laissés perplexes. Malgré cela, n’y avait-il pas une chronique à tenir sur ce que l’on mange, ce que l’on boit lors des cocktails, en agrémentant le tout de quelques mots légers, décalés, osés, à éviter en société. Mi-octobre 2015, nous étions prêts. Deux vernissages étaient calés un même soir. Mais dans le premier, rive droite, rien à grignoter. Quant au second, de l’autre côté de la Seine, en dépit d’un buffet haut de gamme, aucun de nous n’a osé dégainer son portable pour “shooter”. Depuis, nous l’avons regretté. Car rive droite, faute de bouffe, les verres étaient pleins et certaines créatures prêtes à tout pour se faire remarquer… Assis sur un canapé, nous nous étions faits discrets, transparents. Si bien qu’une longue tige vêtue d’une sorte de pyjama en soie, s’est subitement mise à réajuster son string à la hauteur de nos têtes, pensant n’être vue de personne. Mais nous veillons. Nous surveillons. Rien -et surtout pas ça !- ne nous échappe. Quant au cocktail de la rive gauche, il était à l’opposé : des invités plaisants, accueillants ; une installation artistique fascinante ; des sourires (enfin !) sympathiques. Nous avons alors décidé de créer cette rubrique baptisée “Petits fours & grandes virées”. “Petits fours”, car les salés comme les sucrés seront mis en images. “Grandes virées”, parce que ces escapades à la nuit tombée vont donner vie à des récits courts, pour conter et raconter l’une des facettes de notre époque si formidable : celle des pince-fesses vus par deux pince-sans-rire.

Eveillard / Comtesse

© Bruno Comtesse : www.brunocomtesse.com