Ecriture + relecture = censure

Quoi de pire pour un journaliste que d’accepter de faire relire son article par la personne qu’il vient d’interviewer ? Que ce texte soit, de surcroît, réécrit et dénaturé par quelqu’un dont le job n’a rien à voir avec la presse. La situation est cocasse. Je viens d’y être confrontée par un malheureux concours de circonstances. Par bonheur –époque formid’-, l’article ne sera finalement pas publié. Trop vidé de sa substance. Et je ne parle pas de la photo qui était censée, elle aussi, passer au filtre de la censure made in Photoshop. C’est parce que certains de mes confrères tolèrent tous les caprices des stars que celles-ci ne comprennent plus, n’acceptent plus quand on leur dit « non ». Notre profession est suffisamment sur le fil comme ça pour ne pas l’égratigner, la malmener, la corseter davantage. Gardons notre marge de manœuvre. Protégeons nos espaces de liberté. Répondre à une interview, c’est prendre le risque de voir ses propos ingérés, digérés et recrachés par un autre. Selon ce qu’il a vu, entendu, perçu, aperçu. Si l’on ne se sent pas prêt, mieux vaut rester caché. Planqué derrière ses verres fumés. Jouer les Garbo. Pas les divas.