L’abri ne fait pas le moine

à louerEt si la grise mine de certains Parisiens n’était pas uniquement liée à l’usage intensif du métro, mais aussi à la façon dont « on » les loge ? Pas plus tard qu’hier, j’ai eu l’occasion de visiter un appartement dans le 14ème arrondissement. Rue sympa. Bel immeuble. Jolie cage d’escalier. Puis, l’agent immobilier ouvre la porte de l’appartement. Du vis-à-vis d’un coté, un mur tout gris de l’autre, un placard dans lequel on range tout juste quelques bricoles, une cuisine d’un autre âge et une salle de bains qui donne envie de ne plus jamais se doucher. Le bonheur. Le tarif était prohibitif. Normal, « c’est la capitale ». Mais en quittant ce logement, j’ai subitement associé le coup de blues du Parisien, non seulement à ses déplacements dans le métro –j’ai changé, hier, à Saint-Lazare : ça traumatise pour la journée-, mais aussi à cette difficulté d’être bien logé. A cette impossibilité -sauf à être richissime- de se sentir au calme, en paix, posé, reposé, protégé, une fois chez soi. Le Parisien ne bronche pas. Il n’a pas le choix. C’est soit l’aléatoire, voire le précaire, soit l’horreur du RER… L’abri ne fait pas le moine : il accepte le concept. Il ne se reconnaît pas dans son miroir, sa chambre, son salon. Tant pis. Il tolère la baignoire moisie, se fait une raison de la cuisine mal foutue, oublie de demander « qui vit au-dessus ? » avant de signer le bail et dire « bye-bye ». Hier, j’ai posé la question. Comme ça, histoire de voir. L’agent immobilier ne s’y attendait pas. Un peu surpris, il a marqué un blanc et m’a répondu : « au-dessus, c’est un couple de musiciens ». Je suis partie en courant. Epoque formidable.