Débranche !

En 1984, France Gall chante Débranche ! A l’époque nous n’avons encore ni smartphone, ni tablette. Mais déjà dans ses textes, Michel Berger égratigne les accros aux écrans. Près de trente ans plus tard, rien n’a vraiment changé : se débrancher reste branché. C’est Le Monde qui le dit, dans son magazine de fin de semaine. Se déconnecter serait même devenu « un luxe », selon la journaliste Guillemette Faure. Pourtant, il paraît si simple de sortir acheter le pain sans son téléphone, de couper son ordi pendant la nuit, de prendre le bus ou le métro sans y lire ses mails… Mais il faut croire que non. La preuve : selon une enquête Ipsos de février 2011, 11% des femmes âgées de 18 à 34 ans dorment avec leur portable dans leur lit –drôle de doudou- et 72% des personnes du même âge le gardent près d’eux la nuit –pour faire de beaux rêves ?-. Oui, ça fout la trouille. Encore plus délirant : au Post Ranch Inn à Big Sur, en Californie, la nuit est facturée 2 285 dollars, parce que l’on y dort dans une chambre sans télé, où Internet ne passe pas. Epoque formid’. « Certains ont le pouvoir de se déconnecter, d’autres ont le devoir de rester branchés », confie le sociologue Francis Jauréguiberry à la journaliste du Monde. Et si l’on apprenait tout simplement à apprivoiser les écrans ? Puisqu’ils sont partout, faisons avec. Mais sans tomber dans l’obsession, l’obligation, la contrainte, l’effet de mode, la frime aussi. J’ai le souvenir d’une fille qui s’interrogeait : « pourrais-je survivre sans mon iPhone ? » Pour elle, cela relevait de la mission impossible. Dans le même temps, j’ai récemment croisé la route d’un graphiste qui ne consulte ses mails que le matin et le soir. Entre eux deux : le juste milieu. Trouvons-le.