« Je veux que soient entrepris la construction et l’aménagement de l’une des, ou de la plus grande et de la plus moderne bibliothèque du monde. » C’est François Mitterrand qui parle. Nous sommes le 14 juillet 1988. Mitterrand est face à Yves Mourousi, sur TF1. En avril 1989, le site de Tolbiac est choisi pour édifier le bâtiment. En août, Mitterrand retient le projet architectural de Dominique Perrault. La suite : une dizaine d’années de réunions, décisions, nominations diverses et travaux colossaux. Une décennie avec des hauts, des bas, des polémiques et une ouverture des premières salles de lecture en 1996. « Portrait d’un projet 1988-1998 », c’est le nom donné à l’expo consacrée à la Bibliothèque nationale de France imaginée par Perrault, à voir jusqu’au 22 juillet à la BnF François-Mitterrand.

Une autre idée du jeu de construction

Dessins, plans, coupes, pièces de mobilier… tout le travail de Perrault est montré, décortiqué, expliqué, mis en scène. Les murs de la salle d’expo sont parés de ses travaux. Déambuler dans cet espace, c’est prendre conscience que la BnF occupe 7,5 hectares, compte quatre tours de 79 mètres de haut en forme de livres ouverts, au milieu desquelles l’architecte a imaginé un jardin de 12 000 m2. Une autre idée du jeu de construction. Archis, designers et fans de Lego vont adorer. Les riverains aussi. Car la BnF, c’est aussi l’histoire de la métamorphose d’un quartier qui accueillait autrefois les usines Panhard, les Studios Jenner de Jean-Pierre Melville ou encore entrepôts et gare de marchandises chers à Léo Malet.

A la place du pilier Sud…

Dans les années 1950 et 1960, à la place du pilier Sud de la BnF, il y avait aussi une maison. Celle de mes grands-parents. Mon père et ses quatre frères y ont grandi. Chaque matin, ils quittaient à pied le Quai de la Gare pour rejoindre la rue Clovis et le lycée Henri IV. La maison a disparu depuis longtemps. Aujourd’hui, à sa place, on vient lire, s’informer, étudier. Bien mieux qu’un parking ou un supermarché.